Education sexuelle à l’école : une place centrale pour la théorie du genre ?

Publié le 19 Nov, 2024

D’ores et déjà validé par la ministre de l’Education nationale, Anne Genetet, qui avait annoncé qu’elle défendrait ce texte « important », le programme d’éducation à la sexualité doit être soumis au Conseil supérieur de l’éducation le 5 décembre. Les questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle devraient y être prépondérantes.

Pas d’expertise requise de la part des psychologues ?

Ce programme est prévu pour entrer en vigueur à la rentrée prochaine dans tous les établissements publics et privés sous contrat, dans le cadre des trois séances annuelles obligatoires d’éducation à la sexualité (cf. Education sexuelle : trois associations attaquent l’Etat en justice). Au primaire, il s’agira d’« éducation à la vie affective et relationnelle », l’éducation à la sexualité débutant au collège.

La note de présentation indique que le projet « a fait l’objet d’une consultation nationale incluant du personnel éducatif, des syndicats, des ministères, des associations de professeurs, des « associations engagées dans l’éducation à la sexualité » et des familles ». En revanche, « aucun spécialiste, psychologue ou pédopsychiatre » n’est évoqué.

Sophie Audugé, déléguée générale de l’association SOS Education, qui a été auditionnée par le Conseil supérieur des programmes (CSP) explique : « Notre position est claire : nous sommes pour la prévention, mais contre l’éducation à la sexualité dans le cadre scolaire jusqu’à au moins 12 ans, l’âge de la puberté » (cf. L’éducation sexuelle à l’école). « A partir de 12-13 ans, soit la 5e ou la 4e, nous réfutons le terme d’une éducation mais nous recommandons une information sur la sexualité. Au vu du programme du CSP, qui prévoit l’éducation à la sexualité dès le CM1, nous n’avons pas été entendus. » « Ce n’est pas en enlevant le mot sexuel avant le CM1 qu’on en change l’enjeu. »

La théorie du genre dès la maternelle

Dès la classe de moyenne section, en maternelle, les élèves sont invités à « comprendre que le choix d’une activité et les goûts ne sont pas prédéterminés par le sexe », à analyser les « stéréotypes » qui seraient dans les albums. Or « parler de stéréotype de genre brouille le questionnement intime de l’enfant sur son identité sexuée, qui est : comment devient-on femme lorsqu’on a un corps de fille, un homme quand on a un corps de garçon ? », prévient le docteur Christian Flavigny (cf. « Education à la sexualité » : plaquer sur les enfants et les adolescents des préoccupations d’adultes).

Les enfants doivent également « identifier les différentes formes de cadre familial ». Ce que décrypte le pédopsychiatre Maurice Berger, vice-président du Réseau de professionnels pour la protection de l’enfance et de l’adolescence : « Le but du programme est d’introduire l’idée qu’il y a des familles homoparentales, de montrer la pluralité de choix possibles. Et, donc, d’insérer immédiatement des questions sur les différents modes de fécondation, les changements de genre. »

Un débat encore possible ?

Ensuite, au collège, on introduit une « distinction » entre sexe biologique, « identité de genre », « expression de genre » et « orientation sexuelle ». Et le programme préconise « d’associer toutes les disciplines » à cette éducation à la sexualité.

Le texte devrait encore être discuté au sein d’une commission interne le 20 novembre avant sa présentation devant le Conseil supérieur de l’éducation et son adoption définitive par la ministre de l’Education nationale. « Ce qui signifie que les débats ne seraient pas encore tout à fait clos. »

Complément du 28/11/2024 : Interrogé par le sénateur Max Brisson (LR) dans le cadre des questions d’actualité au gouvernement, Alexandre Portier, ministre chargé de la Réussite scolaire et l’Enseignement professionnel a déclaré que le programme relatif à l’éducation à la vie affective et sexuelle « n’est pas acceptable » « en l’état ». Il s’est engagé « personnellement » « pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles ».

L’entourage de la ministre de l’Education indique que « la notion d’« identité de genre » ne figure plus dans le texte ».

 

Sources : Le JDD, Elisabeth Caillemer (18/11/2024) ; Le Figaro avec AFP (24/10/2024) ; Famille chrétienne, Pauline Quillon (16/11/2024) ; Public Sénat, Henri Clavier (27/11/2024) ; Le Monde, Sylvie Lecherbonnier (27/11/2024) – Photo : iStock

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