Public Health Scotland a publié le 27 mai les dernières statistiques de l’avortement en Ecosse [1]. Les données révèlent que les avortements faisant suite à un diagnostic de trisomie 21 sont passés de 21 en 2021 à 60 en 2024. La hausse est de 15% par rapport à l’année précédente. En cas de diagnostic de trisomie 21, les avortements sont autorisés jusqu’à la naissance au Royaume-Uni. C’est également le cas en France.
Au total, 280 IVG ont été pratiquées en Ecosse en 2024 en raison d’un handicap diagnostiqué chez le fœtus. En 2021, on en avait recensé 222.
L’IVG présentée comme « une solution évidente » après un diagnostic de trisomie 21
« En tant que mère d’une fille de 25 ans porteuse de trisomie 21, je constate chaque jour la valeur unique qu’elle apporte à notre famille et l’impact positif qu’elle a sur son entourage », témoigne Lynn Murray, porte-parole de l’association Don’t Screen Us Out. « Il est très préoccupant de constater que, malgré les progrès réalisés par les associations de défense des intérêts des personnes porteuses de trisomie 21, l’avortement pour ce motif est toujours aussi courant au Royaume-Uni », se désole-t-elle. « Nous entendons constamment des parents nous dire que l’avortement leur a été présenté à plusieurs reprises à l’hôpital comme une solution évidente après avoir appris que leur bébé était porteur de trisomie 21. » (cf. DPN : les médecins programment une IVG sans la consulter)
Au début de l’année, le député Sir Liam Fox avait présenté une proposition de loi qui aurait supprimé la possibilité d’avorter jusqu’à la naissance en cas de diagnostic de trisomie 21. Sans succès (cf. Réduire le délai pour avorter en cas de trisomie 21 ? Le Premier ministre soutiendra-t-il ce changement ?).
Des IVG à répétition et plus fréquentes dans les zones défavorisées
Après une augmentation « soutenue » des interruptions de grossesse au cours des dernières années [2], la hausse s’est ralentie en 2024. En effet, 18 710 IVG ont été recensées en Ecosse en 2024 contre 18 242 en 2023, soit une augmentation de 3% contre 10% l’année précédente.
En 2024, 41% des avortements n’étaient pas le premier subi par la femme. En outre, le taux d’interruption de grossesse dans les zones les plus défavorisées s’est établi à 24,5 pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans. Un chiffre deux fois plus élevé que dans les zones les plus favorisées où il a atteint 12,2 (cf. Ecosse : avorter à cause du coût de la garde d’enfants).
Une seule réponse : la mise en place de « zones tampon »
Face à cette hausse constante, le gouvernement explique « s’efforcer de comprendre » et assure « prendre des mesures pour résoudre les problèmes qui la sous-tendent ». Pourtant, en 2024, sa « réponse » a été la mise en place de « zones tampon » autour des établissements pratiquant des avortements [3] (cf. Ecosse : « zones d’accès sécurisé » à l’IVG ou zones de privation de liberté ?). Des zones de restriction des libertés publiques, et même privées dans la mesure où ce qu’y font les résidents peut être « vu ou entendu » dans les lieux publics qui font partie de la zone.
En matière d’avortement, la réflexion est-elle encore possible ? (cf. « Dans un pays libre comme le nôtre, on doit pouvoir discuter pour savoir si l’embryon est ou non une personne humaine »)
[1] Public Health Scotland, Termination of pregnancy statistics, 27 May 2025
[2] La moyenne mensuelle a augmenté de 50 % entre 2015 et 2024.
[3] The Abortion Services (Safe Access Zones) (Scotland) Act est entré en vigueur le 24 septembre 2024.