“Du mariage pour tous à la procréation technicisée?”

Publié le 26 Fév, 2013

 Dans une tribune publiée par le quotidien La Croix, des militants d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) considèrent que “le principe de non discrimination des personnes en fonction de leur orientation sexuelle est fondamental” et justifie que “les couples doivent bénéficier des mêmes droits, dont le mariage“. Ils tiennent cependant à souligner que “l’enfant n’est pas un droit“.  C’est pourquoi, les militants d’EELV ressentent aujourd’hui un “malaise” car “l’extension de la PMA pose des questions majeures, pas seulement en terme de droit“. Pour eux, “le débat collectif n’est pas abouti“, les questions telles que “l’avenir des personnes conçues par PMA, le rôle de la médecine dans la société“, ou encore “le lien avec la gestation pour autrui (GPA)“, se posent.

Plus spécifiquement, le problème est celui de la PMA [procréation médicalement assistée] avec tiers-donneur, “c’est-à-dire avec recours au sperme d’une tierce personne (aujourd’hui anonyme)“. Car aujourd’hui précisent-t-ils, il est constaté que “la PMA avec tiers-donneur peut être source de difficultés psychologiques pour les personnes conçues ainsi“. Les militants d’EELV expliquent: “on constate qu’un foyer aimant n’efface pas toujours l’inquiétude existentielle sur ses origines biologiques, souvent source d’angoisse majeure, voire handicapante pour des enfants, des adolescents ou des adultes qui s’interrogent sur celles-ci“. Et le fait qu’il n’existe pas de “suivi des 50 000 personnes ainsi conçues en France depuis quarante ans […] devrait inciter à la prudence“. Prudence qui peut également se justifier par le fait qu’il existe cependant des “indices significatifs sur le mal-être de certaines personnes, relatif à l’absence de lien avec le père biologique et à la construction de l’identité“. Ainsi en est-il en France, avec l’association Procréation médicalement anonyme qui souhaite la levée de l’anonymat des donneurs de sperme, ou encore de l’étude américaine “My daddy’s name is donnor” qui a mis en évidence qu’un grand nombre d’adultes américains nés par PMA avec donneur anonyme souhaitent la levée de l’anonymat.  

Par ailleurs, la PMA est aujourd’hui “conçue comme un acte médical, comme son nom l’indique; c’est-à-dire comme un soin, le plus souvent de la stérilité, celle-ci étant comprise comme l’impossibilité biologique pour un homme ou pour une femme de procréer“. Pour les militants d’EELV, “il est difficile de considérer que la procréation pour les couples homosexuels puissent relever du soin médical, l’homosexualité n’étant pas une maladie. Ces deux types d’infertilité sont donc bien distincts et, de ce point de vue, le remboursement par l’Assurance maladie se discute“. Autre élément, “les techniques utilisées [dans le cadre de la PMA], selon les cas, ne sont pas toutes dénuées de risques“. Par conséquent, l’utilisation de la PMA par les couples homosexuels est “une nouvelle utilisation de la science et de la technique médicale, qui mérite un débat de société“. Par ce débat, “il s’agit de réinterroger et éventuellement d’actualiser la loi de bioéthique“, une “réflexion d’autant plus nécessaire que l’évolution des pratiques de procréation assistée commence à intégrer le tri des spermatozoïdes et pourrait donc aboutir à l’eugénisme – qui rappelle de sinistres souvenirs… – et ne pas être, à terme dénuée de risques pour la biodiversité humaine“. 

 

Enfin, les militants d’EELV soulignent un autre risque si la PMA était ouverte aux couples de femmes ou aux femmes seules: celui que les couples d’hommes ou les hommes seuls “demande[nt], au nom des mêmes droits pour tous, la GPA“. Si EELV ne s’oppose pas à la “régulari[sation] en tant que cas particuliers [des] enfants nés de GPA à l’étranger et de père français“, ils soulignent cependant qu’il ne peut être “accept[é] qu’ ‘on achète un ventre’ dans un pays pauvre ni en France, et de tels comportement doivent être sanctionnés“. Pour EELV, “il est sage de séparer GPA, mais aussi PMA, du contexte du mariage pour tou-te-s et de l’adoption, afin de prendre le temps de la maturation avec tous les acteurs concernés: psychologues, médecins, philosophes, sociologues, anthropologues et, bien sûr, les citoyens“. 

 

 La Croix 27/02/13

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