DPI, recherche sur l’embryon, Téléthon, Eglise…

Publié le 8 Déc, 2006

Le magazine Valeurs Actuelles consacre un dossier sur les "cellules de l’espoir" ou "comment concilier la science et l’éthique ?"

Le Dr Nicolas Forraz codirige une équipe de recherche à l’université de Newcastle et vient de réaliser "une première mondiale" en fabricant un mini foie miniature à partir de cellules souches de sang de cordon ombilical (cf. revue de presse du 03/12/06). Le chercheur regrette qu’ "en Grande -Bretagne, plus de 90% des financements vont aux cellules souches embryonnaires, alors que ce que nous faisons est plus proche du domaine clinique ou a déjà débouché sur des succès cliniques". En Grande-Bretagne, la recherche sur les cellules embryonnaires est autorisée depuis quinze ans mais aucune recherche n’a abouti à des traitements thérapeutiques. De son côté, le Dr Serge Braun, directeur scientifique de l’AFM, déclare : "peut être que les cellules souches adultes sont plus appropriées pour certaines applications et les cellules embryonnaires pour d’autres. La question n’est pas de les opposer mais d’identifier les intérêts et le potentiel des unes et des autres". Il réclame, à l’instar d’autres chercheur, la légalisation du clonage dit thérapeutique.
Le Pr Huriet, président de l’Institut Curie, estime que "face aux cellules souches adultes, il y a eu d’emblée une réaction de contestation à mon sens très idéologique de la part des chercheurs engagés. Il existe des enjeux économiques liés à l’antériorité de la découverte des cellules souches embryonnaires. Des firmes ont investi beaucoup d’argent avant que n’apparaissent les possibilités des cellules adultes".

Le Monde fait témoigner dans ses colonnes des parents qui ont eu recours au diagnostic préimplantatoire (DPI). En France, 34 enfants sont nés en 2004 par DPI. Israël Nisand, professeur de gynécologie obstétrique au centre hospitalier de Strasbourg (un des 3 centres français à être habilités à mettre en œuvre des DPI), explique que l’intérêt du DPI pour les couples est de ne pas avoir à subir une interruption médicale de grossesse quand l’enfant, suite à un dépistage prénatal (DPN), est diagnostiqué porteur d’une anomalie héréditaire. *(voir NDLR)

Libération revient sur la position des évêques catholiques qui ont déploré la recherche sur les embryons que mènent certaines équipes dont celle du Pr Peschanski financée par l’AFM. Le journal explique que l’AFM est en France devenu "un acteur majeur de la recherche" sur les maladies rares. Libération revient sur le rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (cf. revue de presse du 07/12/06). Ce rapport préconise de donner à la recherche sur l’embryon "un régime d’autorisation contrôlée", d’autoriser le clonage scientifique re-baptisé "transposition nucléaire", et pour ce faire d’organiser le don d’ovocytes. Aujourd’hui 200 ovocytes sont donnés chaque année par des femmes pour aider des couples infertiles. Y aura-t-il des femmes qui feront cette démarche pour aider la recherche fondamentale ?
Selon le journaliste, les recherches sur le clonage "sont toutefois dans les limbes de la spéculation" : aucune lignée de cellules souches embryonnaires n’a été créée à partir d’un embryon cloné, le seul succès publié s’est révélé être "une fraude scientifique" et "une faute déontologique" (cf. Affaire Hwang).

Le Figaro fait un point sur les débats actuels en rappelant : la répartition des financements du Téléthon, les résultats obtenus en terme de recherche, les fondements des critiques de l’Eglise face à la recherche sur l’embryon et les pistes de recherche qu’elle encourage…
L’Eglise soutient les recherches qui n’impliquent pas la destruction d’embryons humains. Elle invite donc les chercheurs à travailler sur les cellules souches adultes, les cellules souches de sang de cordon… Lors d’un congrès sur les cellules souches qui s’est tenu au Vatican, de nombreux spécialistes ont fait le point sur les avancées thérapeutiques de ces cellules souches qui ne posent pas de problème éthique (cf. Lettre Genethique n°81) .
Au même moment, lors d’un colloque sur les thérapies cellulaires régénératrices à l’Académie des Sciences, Nicole Le Douarin, secrétaire perpétuelle honoraire de l’Académie, a rappelé que pour les cellules souches embryonnaires : "la route est longue avant de découvrir de réelles applications thérapeutiques. Il ne faut pas donner de faux espoir à l’opinion publique".

* NDLR : La technique du DPI sélectionne les embryons sains pour les réimplanter dans l’utérus maternel. Ceux qui sont malades sont détruits ou utilisés pour la recherche. Que ce soit par le DPI ou par le DPN, il y a interruption de la vie d’un être humain vivant qui attendait d’être aimé.

Lire l’interview du Dr Nicolas Forraz à propos de la plateforme internationale de recherche sur le sang de cordon : Novus Sanguis

 

Libération (T. Calinon, H. Sabéran, C. Coroller, S. Cabut, C. Bensimon) 08/12/06 – Le Figaro (C. Petitnicolas) 08/12/06 – Valeurs Actuelles (C. Plotard) 08/12/06 – Le Monde (A. Chemin) 08/12/06

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