Le Parisien revient sur la naissance, il y a un peu plus d’un mois, du premier bébé britannique sélectionné pour ne pas être porteur du gène BRCA1, prédisposant aux cancers du sein (cf. Synthèse de presse du 12/01/09). Le journal affirme que "ce genre de diagnostic préimplantatoire (DPI) visant à sélectionner des embryons exempts de facteurs de risque génétique de cancer est également autorisé dans notre pays" mais que cette pratique restait "jusqu’ici confidentielle".
La loi de bioéthique de 2004, en vigueur aujourd’hui, réserve l’accès au DPI aux couples ayant "une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une malade génétique d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic". Mais, tout en interdisant le recours au DPI pour "les formes héréditaires de cancer à évolution tardive", le législateur a introduit une exception pour de "rares situations familiales où les tumeurs sont particulièrement évolutives et les décès particulièrement nombreux et précoces".
Il revient donc à un Centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN), composé de généticiens, gynécologues…, de statuer sur les demandes qui leur sont soumises. Selon l’Agence de la biomédecine, entre janvier 2000 et janvier 2007, 22 sélections associées à un risque de cancer auraient été autorisées, laissant naître 6 enfants indemnes de formes héréditaires rares de cancer ou de maladie associée (polypose adénomateuse familiale, maladie de von Hippel-Lindau, sclérose tubéreuse de Bourneville).
Rappelons que l’élargissement du champ d’application du DPI devrait être débattu au cours de la prochaine révision de la loi de bioéthique de 2004, prévue en 2009/2010.
Emmanuelle Prada-Bordenave, directrice de l’Agence de la biomédecine, ajoute toutefois qu’"il n’est pas question d’élargir les dispositions législatives actuelles. Ce n’est pas une mesure de convenance qui permettrait de se programmer un bébé comme on veut !". Chef du service de génétique à l’Institut Curie – Université de Paris-Descartes et membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), le professeur Dominique Stoppa-Lyonnet précise encore : "nous n’encourageons pas le DPI dans les cancers à évolution tardive, rappelons que le DPI est une procédure très lourde et que, dans 80% des cas, il y a un échec derrière, ainsi qu’un retentissement psychologique sur le couple".
Le Parisien (Laure Pelé) 16/02/09