Alors que le 31 mars marque la fin de l’ancien régime autorisant l’anonymat du don de gamètes (cf. PMA : le droit d’accès aux origines devient effectif. En théorie.), l’Agence de la biomédecine (ABM) publie dans un communiqué le bilan de cette période transitoire. En effet, depuis le vote de la loi de bioéthique de 2021, les donneurs doivent consentir à divulguer leur identité et les données les concernant. L’ancien stock a toutefois été utilisé jusqu’à présent, pour répondre à une demande multipliée par 8,5 par rapport à la période précédant la loi de bioéthique de 2021 [1]. Sans que les femmes soient toujours très bien informées (cf. Accès aux origines : les gamètes « ancien régime » prolongés jusqu’en 2025).
L’ancien stock écoulé pour l’essentiel
Fin décembre 2022, l’ABM recensait un stock « de plus de 100 000 paillettes » obtenues sous le régime de l’anonymat. Les gamètes ont été mutualisés entre centres (cf. PMA : l’ABM mutualise « l’utilisation des paillettes de spermatozoïdes »), ce qui a notamment permis d’aboutir à ce qu’il en reste « moins de 30 000 » à la fin de cette période « transitoire ». Des paillettes « pour une majorité » inutilisables, précise l’ABM, car le seuil de 10 naissances par donneur a été atteint ou bien car elles « ne répondent pas aux critères de qualité actuels permettant leur utilisation pour des inséminations intra-utérines ».
« Il reviendra à chaque centre de décider de leur sort, notamment si elles sont utilisées pour la recherche médicale, détruites, ou si on cherche à contacter le donneur pour obtenir son consentement », précise la directrice de l’ABM Marine Jeantet [2].
Recruter de nouveaux donneurs
Pour reconstituer les stocks, l’agence n’a pas ménagé ses efforts, multipliant les campagnes de communication, notamment auprès des jeunes (cf. Don de gamètes : l’ABM recrute à la sortie des facs). En 2024, 1045 « candidats au don de spermatozoïdes » ont été recensés. Un nombre en augmentation par rapport aux années précédentes [3].
La communication mise en place par l’ABM a permis de constituer un « nouveau stock » issu de 2 177 donneurs, composé de « plus de 100 000 paillettes de spermatozoïdes à fin décembre 2024 ». Selon les chiffres de l’agence, « au regard de l’activité actuellement constatée », ce nouveau stock pourrait répondre à deux ans de demande.
« La mobilisation des donneurs et des donneuses doit se poursuivre pour répondre à toutes les demandes et maintenir une équité d’accès à l’AMP avec don de gamètes », enjoint l’ABM. De nouvelles campagnes seront sans nul doute prévues pour continuer à « mobiliser ». Et à informer ? (cf. « L’AMP avec tiers donneur n’est pas quelque chose d’anodin » ni pour les receveurs, ni pour le donneur)
[1] Pour ce qui concerne la demande d’AMP avec don de spermatozoïdes. « Près de 47 000 demandes » ont été enregistrées de la part de femmes seules ou de couples de femmes. Le nombre de premières consultations de femmes seules ou de couples de femmes est en légère baisse en 2024 par rapport à 2023 (8042 vs. 8569).
[2] Source : AFP (31/03/2025)
[3] L’ABM indique que : « Le nombre total de donneurs de 2024 qui sera validé aux termes des investigations cliniques et biologiques réalisées pour tous les candidats devrait être supérieur au nombre de donneurs recensés en 2023 (676 en 2023) ».
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