Donald Trump s’oppose à l’avortement, aux Etats-Unis et à l’international

Publié le 27 Jan, 2025

Les débuts du second mandat de Donald Trump ont été marqués par un ensemble de décisions qui reviennent sur celles de la présidence précédente.

Outre deux décrets qui ont été abrogés le 23 janvier[1], la Chambre des représentants a voté le même jour, par 217 voix contre 204, une proposition de loi [2] visant à obliger les soignants à fournir les mêmes soins aux bébés nés vivants lors d’un avortement, qu’à « tout autre nouveau-né du même âge gestationnel »[3]. Un vote d’autant plus symbolique que, la veille, le Sénat a rejeté un projet similaire. La chambre haute va être saisie de ce nouveau texte.

« Le fait que les démocrates continuent de bloquer ce projet et de voter contre, le message est entendu haut et fort par des gens comme moi », a déclaré Melissa Ohden [4], fondatrice du Abortion Survivors Network. « Nous ne sommes pas traités comme des êtres humains. Nous sommes simplement traités comme des pions dans leur jeu d’échecs politiques. »

Les naissances vivantes après un avortement : un phénomène pas si rare

Une étude récemment publiée dans The American Journal of Obstetrics & Gynecology (AJOG)[5] s’est penchée sur ce phénomène. Elle indique qu’au Québec, les avortements provoqués pendant le deuxième trimestre de la grossesse résultent dans 11,2% des cas en une naissance vivante. Parmi elles, un fœtus sur dix survit plus de 3 heures.

Les chercheurs ont en outre constaté que ce phénomène est en augmentation : alors que le taux de naissances vivantes était de 4,1 pour 100 avortements sur la période 1989-2001, il était de 20,8% entre 2011 et 2021.

Ce sont les avortements intervenant entre 18 et 22 semaines de grossesse qui sont le plus concernés [6]. Deux raisons pourraient expliquer cette fréquence. La première est que « les médecins ne sont pas toujours incités, lorsque le fœtus n’a pas encore atteint 22 semaines, à réaliser un fœticide préalable à l’avortement par injection létale dans le cœur ou le thorax du fœtus, ou via le liquide amniotique. Pourtant, il arrive que le travail induit par l’avortement, même avant ce stade, ne provoque pas la mort du fœtus et que celui-ci soit expulsé vivant ». En outre « il se peut que l’injection fœticide manque d’efficacité lorsque les fœtus sont plus petits et donc plus difficiles à atteindre ».

Cependant, même si l’occurrence d’une injection fœticide divise par trois la probabilité de naissance vivante après une IVG [7], dans 5% des cas, le fœtus naît vivant malgré l’injection létale.

Un engagement aussi à l’international

« Pendant mon second mandat, nous nous battrons à nouveau fièrement pour les familles et la vie », a promis Donald Trump aux dizaines de milliers de manifestants rassemblés à Washington le 24 janvier à l’occasion de la 52e March for life. « Nous protégerons les acquis historiques que nous avons obtenus », a-t-il assuré.

Le même jour, le secrétaire d’Etat Marco Rubio a ordonné l’arrêt de toute subvention publique américaine en faveur de l’avortement à l’étranger, rétablissant la « politique de Mexico » (cf. Etats-Unis : renforcement de la politique de Mexico)[8]. Le chef de la diplomatie a par ailleurs indiqué le ralliement des Etats-Unis à la Déclaration de consensus de Genève sur « la promotion de la santé de la femme et le renforcement de la famille » (cf. Le Burundi et le Tchad signent la Déclaration de consensus de Genève). « L’administration Trump s’engage à soutenir les familles, à promouvoir la santé de la femme, et à protéger les enfants à toutes les étapes de la vie », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Quelques jours plus tôt, le nouveau président des Etats-Unis engageait le retrait du pays de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Programme de reproduction humaine (HRP [9]) de cette instance avait publié de nouvelles lignes directrices en matière d’avortement en 2022 (cf. L’OMS recommande l’avortement à la demande jusqu’au terme). Un document promouvant « une libéralisation complète de l’avortement sans précédent dans le monde ».

Complément du 06/02/2025 : Le gouverneur de New York, Kathy Hochul, a signé lundi un projet de loi visant à « protéger l’identité des médecins qui prescrivent des produits abortifs », après qu’un médecin new-yorkais a été inculpé pour avoir prescrit des pilules abortives à une mineure enceinte en Louisiane.

La nouvelle loi, qui entre en vigueur immédiatement, autorise d’« omettre » les noms des médecins sur les flacons de pilules abortives et de les remplacer par le nom de leurs cabinets.

 

[1] Ils concernaient les données de santé des femmes et un « certain accès à des moyens de contraception »

[2] The Born-Alive Abortion Survivors Protection Act.

[3] Il s’agit de fournir le « même degré de compétence professionnelle, de soins, et d’assiduité » qu’à tout autre nouveau-né. Les médecins qui ne rempliraient pas leurs obligations s’exposeraient à des amendes et une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.

[4] Melissa Ohden explique être née à environ 31 semaines de grossesse après avoir survécu à un avortement par injection de solution saline, et avoir été transportée en soins intensifs par une infirmière qui « ne voulait pas [la] laisser mourir ».

[5] Second-trimester abortion and risk of live birth, N Auger et al., American Journal of Obstetrics & Gynecology, Volume 230, Issue 6, 679.e1 – 679.e9

[6] Avec un taux de 21,7% de naissances vivantes

[7] Toutes méthodes confondues

[8] Lorsque cette politique a été appliquée en 2017, « un groupe de gouvernements, d’ONG et de donateurs privés de neuf pays de l’UE – Belgique, Chypre, Danemark, Finlande, France, Luxembourg, Pays-Bas, Slovénie et Suède – a collecté 460 millions d’euros pour atténuer le manque à gagner ».

[9] Le HRP a été créé en 1970 « dans un but d’amélioration de la santé et de prospérité économique par la réduction démographique ».

Sources : The Washington Times, Valerie Richardson (23/01/2025) ; NPR, Rachel Carlson et Fatma Tanis (24/01/2025) ; euronews, Gabriela Galvin (25/01/2025) ; AFP (24/01/2025) ; AFP (25/01/2025) ; Institut européen de bioéthique, Les naissances vivantes après un avortement tardif ne sont pas une exception (09/01/2025) ; ECLJ, Louis-Marie Bonneau (22/01/2025) ; Aleteia, Kathleen N. Hattrup (25/01/2025) ; Fox, Kristine Parks (26/01/2025) ; Fox, Landon Mion (04/02/2025)

Partager cet article

Synthèses de presse

La Toscane adopte un règlement sur le suicide assisté
/ Fin de vie

La Toscane adopte un règlement sur le suicide assisté

La Toscane est devenue, le 11 février 2025, la première région italienne à adopter un règlement détaillant les modalités d'accès ...
Le programme d’éducation à « la vie affective, relationnelle, et à la sexualité » publié au Bulletin officiel
/ Genre

Le programme d’éducation à « la vie affective, relationnelle, et à la sexualité » publié au Bulletin officiel

Le programme Evars a été publié au Bulletin officiel de l’Education nationale le 6 février, pour une mise en œuvre ...
Un Québécois coupable d’agressions sexuelles euthanasié : « Il ne sera jamais puni pour ce qu’il nous a fait »
/ Fin de vie

Un Québécois coupable d’agressions sexuelles euthanasié : « Il ne sera jamais puni pour ce qu’il nous a fait »

Un Québécois reconnu coupable d’agressions sexuelles sur des mineurs a été euthanasié le 4 février. « Il n’aura finalement pas passé ...

 

Textes officiels

 

Fiches Pratiques

Bibliographie

Lettres

Recevez notre lettre hebdomadaire

Recevez notre lettre hebdomadaire

Chaque semaine notre décryptage de l'actualité bioéthique et revue de presse.

Votre inscription a bien été prise en compte.