En 2010, aux Etats-Unis, Niklas Evans a été victime d’une agression à la suite de laquelle il est tombé dans le coma et décédé dix jours plus tard. Missy Evans, sa mère, a alors demandé à l’hôpital de pouvoir récupérer son sperme afin de pouvoir avoir un enfant de lui en recourant à une mère porteuse.
Dans le Journal of Medical Ethics, Anna Smajdor, chercheuse en éthique biomédicale à l’Université d’East Anglia (Royaume-Uni), explique les enjeux cachés du don de sperme post-mortem, effectué sans le consentement du donneur. Tout comme de nombreux bioéthiciens, Anna Smajdo s’y oppose.
En premier lieu, elle explique qu’il n’y a pas que l’enfant en jeu. Pour elle, la question de la récupération du sperme d’un homme décédé, sans le consentement de ce dernier, en vue d’une procréation, impacte d’autres enjeux comme le don d’organes, le droit de succession …etc.
Ensuite, le consentement présumé est un principe dangereux : “en médecine, le consentement à une procédure ne peut être déduite des croyances antérieures d’une personne à telle ou telle situation“.
Enfin, le désir d’avoir un enfant n’est pas une raison suffisante. On ne peut déduire un consentement du désir d’une femme d’avoir un enfant : “les décisions des couples en matière de reproduction ne sont pas nécessairement fondées sur des désirs symétriques“. Elle ajoute : “Il est risqué et injuste de supposer que les désirs de reproduction de l’un des membres du couple peuvent être déduits de l’autre. Et si cela est vrai dans la vie, cela est d’autant plus vrai en cas de mort ou face à un mourant qui ne peut exprimer son désaccord“.
Anna Smajdo conclut par deux recommandations : tout d’abord que “les règles en matière de don de gamète post-mortem soit renforcée“. Ensuite, que “le pouvoir discrétionnaire de […] l’Autorité britannique pour la fertilité humaine et l’embryologie (HFEA) soit annulé afin qu’elle n’autorise pas l’exportation de gamètes obtenues sans consentement“.
Bioedge (Michael Cook) 05/07/2014