Le décret publié au mois d’octobre autorisant le don de gamètes pour les personnes sans enfant « constitue une légère entorse au sacro saint principe de gratuité des dons ». La rémunération des donneurs, pratiquée notamment en Espagne, est vue par certains comme un moyen « de faire progresser les dons », mais reste controversée. Le gouvernement a donc « opté pour une solution qui évite une rétribution monétaire mais qui permet cependant de renforcer l’attractivité de ce geste » : les donneurs « pourront bénéficier de la conservation pour eux-mêmes d’une partie de leur gamètes » (cf. Gènéthique du 15 octobre 2015).
Cette «évolution » ouvre également une brèche sur la possibilité pour les femmes de conserver leurs ovocytes « pour convenance personnelle » et non plus uniquement pour raison médicale. Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français « plaide pour cette évolution » depuis plusieurs années, car il « juge difficile de méconnaitre les transformations de la société qui poussent un nombre croissant de femmes à souhaiter devenir mère à un âge plus avancé que par le passé ». Il considère également qu’il existe une « inégalité entre les hommes et les femmes sur ce plan » puisque, concernant le sperme, « la situation est plus souple ».
Un sondage réalisé par Odoxa pour la clinique Eugin (cf. Gènéthique du 3 décembre 2015) a cependant révélé que 59% des français[1] sont opposés à une loi autorisant la conservation des ovocytes pour raisons personnelles.
Le JIM a pour sa part mené une enquête auprès des professionnels de santé du 22 octobre au 6 décembre 2015. A la question « êtes vous favorable à la possibilité offerte aux donneurs de gamètes sans enfant d’autoconserver une partie de leurs gamètes ?», 66% des votants ont répondu favorablement[2]. Selon eux, « la rédaction du décret permet de conserver sa primauté au don et de ne placer l’autoconservation qu’en second plan ». A l’inverse, 22% « réprouvent cette mesure ». Ils y voient un « ‘dévoiement’ déguisé du principe de gratuité », et mettent en garde contre « les risques associés aux grossesses tardives qui pourraient être favorisées par les conservations d’ovocytes », ainsi que contre le risque de « considérer cette conservation comme une ‘assurance’ alors que les taux de grossesse après vitrification ne sont pas optimaux ».
[1] 1001 votants.
[2] 477 votants.
JIM (16/12/2015)