Dignitas personae invite au dialogue Mgr d’Ornellas et le Pr. Grimfeld

Publié le 23 Déc, 2008

A l’occasion de la publication par le Vatican de l’instruction «Dignitas personae» consacrée à la bioéthique, le Figaro a interviewé Mgr d’Ornellas, président du groupe de travail de la Conférence des évêques sur la révision des lois de bioéthique et le Professeur Alain Grimfeld président du Comité consultatif national d’éthique.

Le Figaro interroge notamment le Pr Grimfeld pour savoir s’il a été choqué par les refus contenus dans ce texte d’Eglise. Celui-ci répond : "le débat éthique est un débat contradictoire. Je n’ai pas à être choqué et je ne suis pas choqué par les «oui» ou par les «non». J’ai à apprécier la participation de familles de pensée et de familles religieuses à ce débat. C’est essentiel pour un tel débat." Il rappelle que l’éthique, en dehors de toute considération religieuse, doit savoir poser des «non»
"car tout devient possible techniquement, mais pour autant tout n’est pas autorisé ! Et au nom du respect et de la dignité de l’homme, tout ne devra pas être autorisé."
Il précise qu’il apprécie énormément l’ouverture de l’Église catholique sur la question de la personne humaine, car, dit-il "au-delà d’un agglomérat de cellules organisées en une multitude de fonctions constituant un être humain, il y a une personne."

La recherche sur l’embryon illustre cette problématique et si certains considèrent que l’Eglise bloque le progrès scientifique en interdisant cette recherche, Alain Grimfeld remarque que devant ces difficultés éthiques un certain nombre de chercheurs développent d’autres voies de recherche prometteuses.

 

Mgr d’Ornellas rappelle que "le respect inconditionnel face à chaque être humain, à toutes les étapes de sa vie, est un principe universel et une parole pacifiante en toute conscience et en toute culture. Et c’est précisément au nom de ce respect que l’Église encourage avec force la recherche pour de nouvelles thérapies."

Il remarque que l’instruction Donum vitae n’avait pas été bien reçue en 1987, parce qu’à cette époque il y avait un engouement terrible pour le progrès scientifique. Or aujourd’hui l’enthousiasme est tempéré, la société a pris conscience que les enjeux étaient complexes et l’opinion est plus attentive à la réflexion éthique. A. Grimfeld observe également cette transformation : "Cette attitude nouvelle, je l’observe parmi les plus compétents, les plus pointus et dans tous les domaines des sciences de la vie et de la santé" confirme-t-il.

 

Enfin chacun s’accorde à reconnaître que la question fondamentale est la compatibilité entre le respect de la dignité humaine et les avancées de la recherche. Mgr d’Ornellas estime qu’il y a une sagesse vers laquelle nous pouvons tendre ensemble : "la convergence n’est pas un consensus mou, elle est un sommet de la réflexion humaine à un moment de l’histoire." Le Pr Grimfeld considère également qu’il est nécessaire de "déterminer les grands principes éthiques qui guideront notre réflexion et nous y tenir". Cette nécessité s’impose notamment parce que des chercheurs, soutenus par des sommes colossales aux Etats-Unis, sont tentés de créer un "transhumanisme". La technicité est telle aujourd’hui que ces chercheurs pensent pouvoir créer "un autre homme quittant la branche humaine actuelle pour en créer une autre, de toutes pièces." "La convergence va s’opérer entre ceux qui diront "non" nous tenons à la conservation de l’espèce humaine dans son évolution ontologique (…) et ce sera pour des raisons de respect premier de la dignité humaine mais également pour des motivations fondées sur l’exégèse des Ecritures" et ceux qui diront "ce stade est dépassé, nous pouvons créer une autre espèce, il est temps de franchir le pas."  Là, précise le Pr. Grimfeld, il n’y aura pas de convergence possible mais une divergence fondamentale, et nous devrons opérer un vrai choix. Aujourd’hui de nombreux courants de pensée et l’Eglise catholique convergent sur la nécessité de maintenir l’espèce humaine.

Le Figaro.fr 17/12/2008

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