Deuil difficile après une “interruption médicale de grossesse”

Publié le 6 Jan, 2011

Un article de Libération intitulé "A la mémoire des enfants qui n’auront pas vécu" aborde le  le deuil périnatal, qu’il s’agisse d’enfants morts-nés, mais aussi d’enfants victime d’une "interruption médicale de grossesse tardive": sujet "entouré de silence et de tabou".

En effet, l’inhumation n’est obligatoire que pour les bébés qui sont nés puis décédés. Pour les enfants morts-nés, considérés comme  "déchets anatomiques", l’hôpital prend en charge la crémation et les parents repartent les bras vides, sans l’enfant dont il leur est alors difficile de faire le deuil. Une fois par trimestre, les petits corps sont incinérés au crématorium du Père Lachaise. Face à la douleur  de  ces familles qui ne peuvent pas organiser de funérailles pour leur enfant, les services funéraires de la ville de Paris ont mis en place une cérémonie, depuis un an. Face à cette réalité, "personne ne sait bien quoi dire, et d’ailleurs ces parents-là, frappés par ce qu’on appelle un "deuil périnatal", n’ont pas de nom. Et après ? "Paranges" ? "Désenfantés" ? Une terminologie qui traduit bien le trouble où notre société est jetée face à ces parents privés de l’enfant qu’ils attendaient".

L’article fait part également du témoignage de Caroline Lemoine, fondatrice de l’association Petite Emilie, et mère de Rémy, mort né en 2002 à 22 semaines et 4 jours après une "interruption médicale de grossesse". Alors que l’hôpital lui avait assuré que la crémation était faite, Caroline se rendra compte en 2005 que le corps de son fils fait partie des 350 corps de bébés conservés dans des conditions indignes à l’hôpital Saint Vincent de Paul : "Mon fils avait été gardé dans un Tupperware pendant 3 ans". Elle témoigne de sa douleur à s’entendre nommer la "mère du foetus" à la sortie d’un journal télévisé : il faut "nous considérer comme des parents, on sort de la clinique après un vrai accouchement, dans un silence terrible, parce que personne n’ose rien dire", proteste-t-elle.

Caroline conserve dans son portefeuille  un papier où l’équipe de la chambre mortuaire de l’hôpital lui a fait des empreintes de la petite main de son fils : une petite trace de 3,5 cm qui est la seule possibilité de deuil. "Si on fait comme si ça n’avait jamais existé, cela risque de produire des deuils tout à fait traumatiques", explique la psychanalyste Muriel Flis-Treves. Elle insiste sur la nécessité de "prendre en compte la souffrance de ces parents, qu’on ne peut imaginer".
 

Libération (Emmanuelle Le Peyret) 04/01/11

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