Deux groupes de chercheurs viennent de publier dans Science Advences un résultat d’étude tendant à réduire les effets « off target », hors cible, lors de la manipulation génomique au moyen de la protéine CRISPR-Cas9.
Les protéines CRISPRs sont des systèmes immunitaires bactériens et « l’un des thèmes assez communs de la biologie est que si quelque chose développe une arme, la cible va développer une défense », explique le co-auteur de l’étude, Jacob Corn, un Professeur de biochimie et de biophysique à l’Université de Californie à Berkeley. Il se trouve que les phages, ces protéines anti-CRISPR, « ont développé des moyens de lutter contre les systèmes CRISPR ». Cette protéine du nom AcrIIA4 s’attache à une poche sur l’enzyme Cas9 où l’ADN se lie généralement, ce qui l’empêche d’accéder à l’ADN.
Cette analyse a révélé qu’en ajustant le moment où AcrIIA4 ou Cas9 sont ajoutés à un dosage, les chercheurs pourraient préférentiellement bloquer les effets hors cible. « Nous avons constaté que si vous pré-ajoutez AcrIIA4 et ajoutez Cas9 ensuite, vous aurez bloqué complètement l’édition des gènes », commente Jacob Corn. Et en le retardant un peu, six heures environ, alors il n’y a pas vraiment d’impact sur l’activité cible ».
Cette découverte renferme de nouvelles promesses : « Ces protéines anti-CRISPR sont susceptibles d’être un outil utile en génétique et peut-être même en clinique. Non seulement ces protéines contribueraient à réduire les effets hors cible, mais elles pourraient également être un moyen efficace de contrôler les effets sur cible. Par exemple, plusieurs méthodes de thérapie génique peuvent laisser Cas9 actif dans les cellules d’un patient que les cliniciens voudraient désactiver ».
Pour aller plus loin :
CRISPR : des mutations « off-targets » nombreuses et inattendues chez l’homme
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The Scientist, Diana Kwon (12/07/2017)