Des personnalités contre “le marché des ventres”

Publié le 9 Fév, 2011

Le Monde publie une tribune du Collectif No body for sale regroupant près de 150 personnalités opposées aux mères porteuses : elles appellent à se mobiliser contre "le marché des ventres". Parmi les signataires de cet appel figurent entre autres François Hollande, Alain Claeys, Elisabeth Guigou, Lionel Jospin, Marie-Georges Buffet, Sylviane Agacinski, Martine Billard, Claude Evin, Bernard Debré, Robert Hue, Axel Kahn, René Frydman, Hervé Chneiweiss, Marcel Rufo, Jean-Pierre Winter, Emmanuel Hirsch, Jean-Claude Guillebaud, Blandine Kriegel.

Les  membres du Collectif dénoncent la volonté des partisans des mères porteuses de légaliser cette pratique en France "sous le nom aseptisé de ‘gestation pour autrui’, pour assurer à tous ‘le droit de fonder une famille’". Ils expliquent que depuis l’apparition des "mères de substitution" dans certains états américains, notamment en Californie, le marché des mères porteuses s’est délocalisé dans les pays pauvres, en Inde ou en Europe de l’Est où les tarifs pour des "ventres à louer" sont bien moins élevés. Bien que certains parlent d’altruisme et d’une "logique généreuse du ‘don’", la réalité montre que "le bénévolat n’existe pas dans ce domaine". Partout où elle est autorisée, la maternité de substitution donne lieu à une rétribution de la grossesse, bien au-delà des seuls frais médicaux, et "fixe un prix à l’enfant ainsi ‘produit’ ". Avec cette pratique, la "sphère économique s’empare de la vie la plus privée et la plus intime d’une personne" et toute forme de légalisation de celle-ci ne peut qu’entrainer la "marchandisation du corps féminin et de l’enfant". Dans les pays qui l’ont permis, ce marché est une "incitation à se vendre pour les femmes les plus vulnérables, une nouvelle forme d’exploitation et de servitude". Or, la grossesse ne peut être assimilée à "un travail social au terme duquel la ‘gestatrice’ remettrait finalement son produit à des commanditaires". Devant le développement actuel d’un "marché procréatif mondial" où gamètes et ventres s’échangent, ce serait se voiler la face que d’ "oser encore rattacher la mise à disposition du corps des femmes, à un échange ‘altruiste‘ ". Les contrats d’engagement d’une "mère porteuse" mettent la vie la plus intime de celle-ci sous tutelle : son mode de vie, son alimentation, sa sexualité, l’obligation d’avorter dans certains cas (Cf. Synthèse de presse du 03/12/10) et l’expose aux risques liés à l’accouchement. Les signataires évoquent les conflits de plus en plus nombreux qui surgissent entre les femmes qui se prêtent à cette pratique et ceux qui les utilisent ainsi que les risques psychologiques pour la mère et pour l’enfant. Des désirs subjectifs ne saurait justifier cette pratique contraire aux droits fondamentaux de la personne ainsi qu’à la dignité de son corps. De même il ne saurait y avoir de "droit à l’enfant" insistent les signataires.

Ils réclament donc la maintien d’une interdiction formelle de ce marché aliénant en France et appellent à lutter pour son abolition là où elle existe, notamment dans l’Union européenne. Le Collectif No body for sale lance une "campagne internationale pour l’abolition de la pratique des mères porteuses" qui débutera par un colloque en France mi 2011.

Le 14 décembre 2010, le bureau national du Parti socialiste s’était prononcé contre les mères porteuses (Cf. Synthèse de presse du 15/12/10).

Le Monde 09/02/11 – Le Figaro.fr 08/02/11

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