Des organoïdes pour identifier les causes neurobiologiques de l’autisme

Publié le 21 Juin, 2024

Certains enfants autistes connaissent des difficultés importantes qui durent toute leur vie, telles que des retards de développement, des difficultés sociales et même une incapacité à parler. D’autres présentent des symptômes plus légers qui s’améliorent avec le temps. Une nouvelle étude, publiée dans Molecular Autism [1] par des chercheurs de l’université de Californie à San Diego, est la première à apporter un éclairage sur cette question. Selon ses résultats, la « base biologique » de ces deux sous-types d’autisme se développe in utero.

Des organoïdes personnalisés

Pour travailler sur ce sujet, les chercheurs ont utilisé les cellules souches sanguines de 10 enfants âgés de 1 à 4 ans atteints d’autisme idiopathique, autrement dit pour lequel aucune cause génétique n’a été décelée. Ces cellules ont servi à fabriquer des organoïdes de cortex cérébral, c’est-à-dire « des modèles du cortex fœtal ». Ils ont également créé des organoïdes corticaux à partir de six enfants « neurotypiques ». Des centaines d’organoïdes ont été générés à partir de chaque patient (cf. Recherche sur les organoïdes de cerveau : une question de conscience).

Souvent appelé matière grise, le cortex tapisse l’extérieur du cerveau. Il contient des dizaines de milliards de cellules nerveuses et est responsable de fonctions essentielles telles que la conscience, la pensée, le raisonnement, l’apprentissage, la mémoire, les émotions et les fonctions sensorielles.

Des organoïdes plus gros qui se développent plus rapidement

L’examen de ces organoïdes a montré que ceux correspondant à des enfants autistes sont « nettement plus grands » – environ 40 % – que ceux du groupe témoin. En outre, plus la taille de l’organoïde est importante, plus les symptômes sociaux et langagiers du patient sont lourds.

Ainsi « il n’est pas forcément vrai que plus le cerveau est gros, mieux c’est », décrypte Alysson Muotri, professeur de la faculté de médecine de l’université de San Diego et co-auteur de l’étude. « Nous avons constaté que dans les organoïdes cérébraux d’enfants atteints d’autisme profond, il y a plus de cellules et parfois plus de neurones – et ce n’est pas toujours pour le mieux », souligne-t-elle.

Par ailleurs, plus l’autisme d’un enfant est sévère, plus l’organoïde lui correspondant se développe rapidement, parfois au point de développer un « excès de neurones », ont pu observer les chercheurs.

Après avoir établi que la croissance « excessive » du cerveau commence in utero, les chercheurs espèrent en déterminer la cause, afin de mettre au point une thérapie qui pourrait améliorer le « fonctionnement intellectuel et social » des personnes atteintes d’autisme.

 

[1] Courchesne, E., et al. (2024) Embryonic origin of two ASD subtypes of social symptom severity: the larger the brain cortical organoid size, the more severe the social symptoms. Molecular Autism. doi.org/10.1186/s13229-024-00602-8.

Source : News medical, University of California – San Diego (05/06/2024)

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