Des nanoparticules pour le traitement des cancers ?

Publié le 10 Nov, 2020

Nanobiotix, une start-up française, a développé une approche basée sur les nanoparticules destinée à renforcer l’effet thérapeutique des immunothérapies pour le traitement des cancers. Une injection dans la tumeur de nanoparticules métalliques avant le traitement permettrait d’améliorer son effet. L’interaction des rayons X avec les électrons de ces cristaux d’oxyde d’hafnium augmente la formation de radicaux libres. Un « stress oxydatif plus intense [qui] tue plus efficacement les cellules tumorales ». Actuellement les immunothérapies ne sont efficaces que pour « 15 % à 25 % des patients », et « jusqu’à 40 % pour ceux atteints de mélanomes ».

Une nouvelle voie thérapeutique ?

L’alliance de la radiothérapie et des nanoparticules est examinée depuis plusieurs années « dans des sarcomes des tissus mous ». Et un marquage CE leur a été attribué, « à la suite d’un essai randomisé de phase 2 publié en 2019 » dans la revue The Lancet Oncology. Cette nouvelle étude ajoute l’immunothérapie à cette alliance pour aboutir au traitement NBTXR3 développé par la start-up. Le Pr Laurence Zitvogel, oncologue à l’Institut Gustave-Roussy explique : « Il s’agit de rendre la radiothérapie plus efficace, sans augmenter les doses de rayons qui brûlent tout sur leur passage, lymphocytes compris. En faisant appel à ces nanobilles métalliques, on démultiplie l’effet de la radiothérapie sans la rendre plus toxique, juge-t-elle. On provoque alors une mort des cellules tumorales qui active le système immunitaire (mort « immunogène »). La tumeur irradiée se transforme en vaccin anticancer, que l’immunothérapie va booster. Les lymphocytes mémoires, activés, vont cibler et détruire les cellules tumorales dans tout l’organisme. » Cette stratégie a été présentée le 10 novembre, lors du congrès de la STIC (Society for Immunotherapy of Cancer).

Des résultats à confirmer

Pour le moment, seuls neufs patients ont été traités avec cette nouvelle approche. Sur les sept patients qui avaient été traités auparavant par une immunothérapie, sans résultat, « cinq ont montré une régression immédiate de leurs tumeurs ». Une régression « tardive » a été observée chez un autre patient. Le traitement s’est avéré inefficace pour le dernier. Par ailleurs trois patients « ont montré une régression des métastases situées à distance du site d’injection des nanoparticules ».

Une régression a aussi été constatée chez les deux patients qui n’avaient jamais été traités par une immunothérapie. Mais pour eux, « ce peut être l’immunothérapie seule qui a agi », clarifie le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue, directeur du département d’essais cliniques précoces de l’Institut Curie. Il précise : « seuls des essais randomisés permettront de préciser le bénéfice de cette approche, en termes de pronostic ».

Des effets indésirables

Deux « graves » effets indésirables ont été déplorés chez un des patients de l’essai clinique : une pneumonie et une hyperglycémie sévère. Pour les auteurs, ces effets peuvent être « liés à l’immunothérapie et peut-être aux nanoparticules ».

Même si « le produit a été élaboré pour être le moins toxique possible », comme le déclare Nanobiotix, « une fois injecté, il ne peut pas se dégrader. Il reste dans la zone d’injection ». La start-up déclare n’avoir « pas observé de problème de tolérance à moyen et long termes » chez les 200 patients traités avec le produit.

 

Sources : Le Monde, Florence Rosier (10/11/2020) – Photo : iStock

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