Des « modèles embryonnaires » plus difficiles à distinguer : l’ISSCR actualise ses recommandations

Publié le 22 Mai, 2025

La Société internationale pour la recherche sur les cellules souches (ISSCR) [1] a organisé un webinaire au mois d’avril dernier pour présenter les recommandations de son groupe de travail sur les « modèles embryonnaires », des embryons fabriqués à partir de cellules souches, sans passer par une fécondation (cf. « Embryons de synthèse » humains : les annonces se multiplient ; Recherche sur l’embryon : l’ISSCR joue sur les mots). La culture d’embryons humains en laboratoire étant « actuellement » interdite dans la plupart des pays au-delà de 14 jours de développement, les scientifiques ont développé ces « modèles d’embryons » (SCBEM) pour mener leurs recherches (cf. Embryoïdes, blastoïdes, MEUS : des embryons créés pour la recherche).

Des « modèles » « plus complexes » qui remettent en question les distinctions entre « modèles »

S’appuyant sur des travaux menés chez la souris, l’ISSCR avait établi une distinction entre les « embryons de synthèse » « intégrés » qui contiennent des types de cellules extra-embryonnaires – ce qui signifie qu’il serait possible qu’ils s’implantent et développent un placenta – et les SCBEM « non intégrés », qui n’en contiennent pas (cf. « Embryoïde-heX » : reproduire les premiers stades de la production de sang).

Les lignes directrices de 2021 suggéraient que la recherche impliquant ces différents types de SCBEM devait être régie différemment (cf. Cellules souches humaines : L’ISSCR met à jour les normes pour la recherche), les « embryons de synthèse » « intégrés » étant soumis à une réglementation « plus stricte » que les autres. Cependant, au fur et à mesure des avancées de la recherche, la distinction intégré/non intégré est devenue « plus difficile à maintenir » à la lumière des dernières données expérimentales.

En effet, un certain nombre de publications a fait état de SCBEM humains « plus complexes » reproduisant les étapes péri/post-implantation. Bien que tous ces SCBEM n’aient pas formé de cellules extra-embryonnaires, certaines recherches ont suggéré que les cellules extra-embryonnaires se développent très différemment chez l’homme et chez la souris, remettant en cause la distinction entre les différents « modèles ».

Des recommandations « ajustées »

Le groupe de travail composé de chercheurs, de bioéthiciens et de cliniciens a recommandé différents changements dans les lignes directrices.

Tous les SCBEM 3D « organisés dans l’espace » – avec ou sans types de cellules extra-embryonnaires – doivent être inclus dans la catégorie 2 [2], nécessitant un « examen scientifique et éthique spécialisé ». L’étendue de l’examen doit être « adaptée à la complexité » du « modèle embryonnaire » et la durée de la culture doit être définie. Les organoïdes de trophoblaste et de sac vitellin doivent quant à eux être inclus dans la catégorie 1A.

En outre, « à la lumière des travaux sur l’interaction entre les SCBEM et les cellules utérines », le libellé de la catégorie 3B doit être clarifié, afin de souligner qu’un « embryon de synthèse » humain « ne peut être transféré dans l’utérus d’un hôte humain ou animal vivant ».

La culture de « modèles embryonnaires » dans « des systèmes artificiels in vitro conçus pour permettre le développement jusqu’à la viabilité » demeure interdite.

Complément du 17/06/2025 : Les recommandations de l’ISSCR ont été publiées ensuite dans la revue Stem Cell Reports le 10 juin : Stem cell-based embryo models: The 2021 ISSCR stem cell guidelines revisited

 

[1] International Society for Stem Cell Research (ISSCR)

[2] L’édition 2021 des lignes directrices de l’ISSCR répartit la recherche en 5 catégories :

Catégorie 1A – Activité de recherche considérée (après une évaluation appropriée) comme n’étant pas soumise à un processus de surveillance scientifique et éthique spécialisé ;

Catégorie 1B – Activité de recherche devant faire l’objet d’un rapport à l’organe responsable de supervision scientifique et éthique, mais ne faisant pas l’objet d’un examen plus approfondi ;

Catégorie 2 – Activité de recherche qui n’est autorisée qu’après examen et approbation, dans le cadre d’une procédure d’évaluation scientifique et éthique spécialisée ;

Catégorie 3A – Activité de recherche qui ne doit pas être poursuivie pour le moment, « parce qu’elle n’est pas sûre actuellement et/ou parce qu’elle soulève des questions éthiques non résolues » ;

Catégorie 3B – Activité de recherche qui ne doit pas être poursuivie en raison d’un large consensus international sur le fait que l’activité n’a pas de justification scientifique convaincante et/ou parce que l’activité est largement considérée comme contraire à l’éthique.

Source : BioNews, Dr Güneş Taylor (19/05/2025) – Photo : iStock

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