Dans leur nouveau livre "Des embryons et des hommes"* , Henri Atlan et Mylène Botbol-Baum insistent sur la nécessité d’être vigilants pour que la génétique humaine ne cède pas à ses élans racistes et eugénistes. Aux vues des récentes avancées scientifiques, les auteurs tentent de "séparer les projections fantasmatiques des enjeux scientifiques et médicaux".
Pour Henri Antlan, l’actuel débat philosophique repose sur un postulat de départ erroné selon lequel le développement de l’embryon ne résulte que d’un programme inscrit dans l’ADN. Il dénonce ces mêmes philosophes pour lesquels "toute manipulation ou modification des gènes annonce à leurs yeux une post humanité effrayante".
Selon lui, la "légitimité des interventions sur des gènes d’êtres humains et sur des embryons humains dans un but non procréatif, médical ou de recherche" impose de s’interroger sur le statut de l’embryon humain. Ainsi, pour l’auteur, "ce sera notre capacité de percevoir la forme du corps humain et en particulier son visage (…) dans un individu vivant qui sera le critère de ce que nous y reconnaîtrons une personne".
Mylène Botbol-Baum analyse ensuite que l’avortement a reconnu aux femmes "l’appropriation de leurs corps" et que l’infertilité entaille cette liberté, rétablie par la procréation médicalement assistée. Mais ces techniques de plus en plus performantes conduisent à "la transformation du règne privé de la procréation en règne public institutionnalisé, au profit d’un embryon devenu produit extra-utero à fonctions multiples, soit enfant parfait, soit médicament ou marchandise".
*"Des embryons et des hommes" – Henri Atlan et Mylène Botbol-Baum – PUF "Science, histoire et société".
Le Monde (Jean-Paul Thomas) 15/06/07