En 2014, la start-up américaine Recombinetics annonçait avoir fait naitre deux taureaux sans cornes par génie génétique, tout en refusant de les considérer comme des OGM. Mais des chercheurs de la Food and Drug Administration (FDA) « viennent de montrer qu’un fragment d’ADN d’origine bactérienne – un plasmide – s’est trouvé par inadvertance inséré dans le génome de ces bovins », leur conférant potentiellement une résistance aux antibiotiques. Une découverte qui contredit les déclarations de la compagnie Recombinetics, laquelle « a toujours assuré que ses interventions ne font qu’accélérer des processus de sélection classique ». Le phénomène est pourtant connu : « Soit ils ne l’ont pas cherchée, soit ils sont nuls », analyse Yves Bertheau, expert des nouvelles techniques de sélection et des diverses traces qu’elles laissent dans les génomes. En outre, il « n’exclut pas que d’autres altérations génétiques indétectées se révèlent au fil des générations ». « Cette course aux annonces et aux retours sur investissement à très court terme sans vérifications correctes, en déniant l’importance du principe de précaution, est inquiétante », juge-t-il.
Aux Etats-Unis, les animaux « ayant subi une modification génétique intentionnelle, y compris avec les techniques les plus récentes comme Talen ou CRISPR Cas9 » sont règlementés de façon similaire aux médicaments, « à la fois pour leur sûreté et leur efficacité », tandis que les végétaux génétiquement modifiés bénéficient d’un encadrement plus souple[1]. Des voix s’élèvent contre cette différence de traitement, pourtant justifiée par cette actualité.
[1] De façon assez proche « les nouvelles techniques d’édition du génome n’exemptent pas les organismes ainsi altérés de la réglementation sur les OGM » en Europe.
Le Monde, Hervé Morin (16/09/2019) – Des taureaux décornés trop génétiquement modifiés