Marisol Touraine, ministre de la Santé, a publié hier, jeudi 15 octobre, le décret qui étend le don de gamètes à « toute femme entre 18 et 37 ans et [à] tout homme de 18 à 45 ans en bonne santé » n’ayant jamais eu d’enfants (cf. Gènéthique du 15 octobre 2015).
Cette mesure destinée à palier au manque de gamètes disponibles en France, « il faudrait 900 donneuses » cette année d’après la Ministre, fait cependant déjà débats auprès des professionnels de santé. En effet, certains considèrent qu’il est insuffisant face à une pénurie de dons. Le Dr Joëlle Belaïsch-Allart, vice-présidente du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, estime que « le don d’ovocytes n’est pas aussi simple, que le don, tout aussi noble mais beaucoup plus facile, de spermatozoïdes » (cf. Gènéthique vous informe du 08 juin 2015). Pour elle, ce décret est « une mauvaise réponse à une bonne question. Il est clairement insuffisant ».
Pour d’autres, comme pour le Pr Grynberg, chef de service de médecine reproductive à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy, le décret « va permettre d’ouvrir la porte à la conservation ‘sociétale’ des ovocytes [pour convenance personnelle] ». Les dons auront pour objectif de reporter des grossesses. Une crainte partagée par le Dr Letur, co-présidente du Groupe d’étude pour le don d’ovocytes. Elle pointe les dérives qui pourraient accompagner la banalisation des dons d’ovocytes. « Il ne faut pas que les donneuses fassent un don avec pour objectif de différer une grossesse ». « Attention à ne pas confondre le don et la conservation » avertit-elle.
Selon l’Agence de la biomédecine, 200 enfants naissent en France chaque année « grâce à ces dons ».
AFP (Brigitte Castelnau) 15/10/2015 – Famille Chrétienne (Ariane Lecointre) 15/10/2015 – Le Figaro 16/10/2015