Des chercheurs de l’Institut Francis Crick ont mis au point un « modèle »[1] en 3D du sac amniotique humain « mature », qui reproduit le développement des tissus soutenant l’embryon de deux à quatre semaines après la fécondation. Pour des « raisons éthiques », les embryons humains ne peuvent pas être étudiés après quatorze jours, pour le moment [2]. Leurs recherches ont été publiées dans la revue Cell [3].
Une communication entre l’amnios et l’embryon
Ce « nouveau modèle 3D », appelé « amnios post-gastrulation » (PGA), a été obtenu en cultivant des cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) en plusieurs étapes, avec deux signaux chimiques, pendant 48 heures, après quoi les cellules se sont organisées pour former les couches interne et externe de l’amnios.
Une « structure » en forme de sac s’est formée au 10e jour dans plus de 90 % des PGA. Cette « structure » s’est progressivement développée pendant 90 jours, sans qu’aucun autre signal ne soit émis. La composition cellulaire des modèles présentait des « similitudes remarquables » avec le sac amniotique humain, et le liquide contenu dans les PGA « imitait » le contenu du liquide amniotique humain.
Après avoir mélangé des cellules de PGA avec des cellules souches embryonnaires qui n’avaient pas été traitées, les chercheurs ont constaté que les cellules non traitées développaient des structures semblables à des sacs amniotiques. Ce qui montre que les signaux provenant de l’amnios pourraient effectivement communiquer avec les cellules embryonnaires.
Vers une utilisation en clinique ?
En raison de ses propriétés régénératrices, anti-inflammatoires et antimicrobiennes, la membrane du sac amniotique peut être donnée par des femmes ayant subi une césarienne, afin d’être utilisée pour des procédures telles que la reconstruction de la cornée de l’œil, la réparation de la paroi utérine ou le traitement de brûlures ou d’ulcères.
Les chercheurs pensent que les PGA pourraient constituer une « source alternative de membranes amniotiques », qui pourraient même être cultivées à partir des propres cellules d’une patiente.
Les chercheurs travaillent à présent pour explorer les possibilités d’utilisation des PGA en clinique, ainsi que pour approfondir la compréhension de la communication entre le sac amniotique et les cellules embryonnaires.
NDLR : L’utilisation de cellules souches embryonnaires humaines, prélevées sur des embryons « surnuméraires » issus de fécondation in vitro, conduit à la destruction des embryons dont elles sont issues. Cette étude s’inscrit dans les travaux sur les « embryons de synthèse » que les scientifiques développent afin de passer outre la réglementation en matière de recherche sur l’embryon (cf. « Embryons de synthèse » humains : les annonces se multiplient ; Embryoïdes : l’ABM propose une « troisième voie » pour « encadrer » les recherches).
[1] Les chercheurs utilisent le terme de « modèle » car il s’agit d’étudier le développement de l’embryon humain sans recourir à des embryons issus de la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde pour éviter les questionnements éthiques, au prétexte que ce ne serait pas de « véritables » embryons. Pourtant, l’objectif est bel et bien de comprendre le développement de l’embryon en tant que tel.
[2] Les chercheurs réclament régulièrement que cette « limite » soit repoussée (cf. Recherche sur l’embryon : le régulateur britannique veut repousser la limite à 28 jours).
[3] Post-gastrulation amnioids as a stem cell-derived model of human extra-embryonic development, Cell (2025). DOI: 10.1016/j.cell.2025.04.025.
Source : Phys.org, The Francis Crick Institute (15/05/2025)