La Mutuelle d’assurances du corps de santé français (MACSF) vient de rendre public son rapport annuel sur le risque médical. On y apprend que le « dossier le plus lourd de l’année » est « la naissance d’une enfant atteinte de trisomie 21. Pour ne pas avoir proposé d’amniocentèse à la mère, âgée de 40 ans, un gynécologue a été condamné à verser 3,1 millions d’euros à la famille »[1].
Où l’on voit que la médecine prénatale, désormais centrée sur la traque du handicap, a transformé les médecins en « marchands de risques »[2]. Et que la stratégie de dépistage prénatal à la française a établi, implicitement, un tel critère de normalité qu’aujourd’hui des parents se sentent victimes de la naissance de leur enfant différent (cf. Jean-Marie Le Méné : « Le dépistage prénatal non invasif (DPNI) porte à sa perfection la politique eugéniste », Jean-Marie Le Méné : « Le DPNI est un dispositif qui a l’obsession de l’exhaustivité et la hantise de rater la cible »).
A l’heure où le téléfilm « Apprendre à t’aimer » a été tant plébiscité (cf. Trisomie 21 sur M6 : « Heureusement qu’on n’a rien décelé avant sa naissance » ), cette affaire interroge : quel risque fait courir la trisomie 21 à notre société ?
[1] Anne Bayle-Iniguez. RCP : sévérité accrue des juges en 2019, Le quotidien du médecin (2/10/2020)
[2] Benaschi A. et coll. Dépistage prénatal : les marchands de risques, Le Monde (25/11/09)