Dépistage plus précoce de la trisomie 21

Publié le 6 Juin, 2007

D‘ ici fin juin, la Haute autorité de santé (HAS) va recommander au ministère de la santé une modification de la loi pour autoriser un dépistage plus précoce de la trisomie 21. Cet avis se base sur une enquête clinique menée par l’Assistance-Hôpitaux de Paris (AP-HP) dont les résultats ont été publiés hier.

Actuellement, le dépistage de la trisomie 21 repose sur plusieurs examens : échographie, marqueurs sériques, amniocentèse…

Le Pr Patrick Rozenberg, du service de gynéco-obstétrique de l’hôpital de Poissy-Saint-Germain, estime que "l’accumulation de ces méthodes de dépistage, indépendantes les unes des autres, a conduit à un dérapage complet et à une survalorisation du risque de trisomie 21". "Cela a entraîné la réalisation d’un nombre excessif d’amniocentèses." "Un acte qui est loin d’être anodin puisqu’il entraîne le décès d’un fœtus sur 100", précise-t-il. En Ile-de-France, 15% des femmes enceintes font une amniocentèse. "Un chiffre énorme si on le compare au risque de trisomie 21 qui, globalement est de 1 sur 700 naissances."

Le Pr Rozenberg, avec l’unité de recherche clinique Paris-Ouest de l’hôpital Ambroise Paré, a mené une étude clinique  pour  réduire le taux d’amniocentèses. Réalisée sur le département des Yvelines, cette étude a duré 3 ans, de 2001 à 2003. Il a été proposé à 22 000 femmes enceintes, dès leur premier trimestre de grossesse, un dépistage combiné : mesure de la clarté nucale et dosage de deux marqueurs sériques. "Sur ces 22 000 femmes, 79 étaient porteuses d’un fœtus atteint de trisomie 21. Notre méthode présente un taux de détection de 80 %, contre 75 % pour les méthodes actuelles", rapporte Laurence Bussières (Unité de recherche d’Ambroise Paré).

Didier Sicard, Président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’inquiète du renforcement du dépistage : "Cette perspective a ceci d’effrayant qu’elle va permettre de trouver de nouvelles anomalies que l’on ne saura pas interpréter. Quel est l’intérêt ? Qu’en fera-t-on ?".

Soulignant le paradoxe de notre société actuel "peu encline à accepter le handicap comme faisant partie d’une normalité humaine", Didier Sicard note qu’"en France, on considère que mettre au monde un enfant trisomique relève d’une erreur médicale ou d’une irresponsabilité maternelle, et qu’il s’agit d’une véritable tragédie". "Nous prônons la fraternité mais dans le même temps, nous exigeons des handicapés qu’ils s’adaptent à la société."

La Croix (Pierre Bienvault – Marianne Gomez) 06/06/07 – Le Quotidien du Médecin (Renée Carton) 11/06/07 – Le Monde (Sandrine Blanchard) 13/06/07 – Orphanews 20/06/07 – www.informationhospitaliere.com 06/06/07

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