Deux sénateurs issus du groupe Les Républicains, Marie Mercier et René-Paul Savary, ont rendu public le 28 novembre un rapport d’information sur la robotique en santé. Intitulé « Demain les robots », ce travail souligne « les perspectives de transformation que pourraient induire ces nouvelles technologies dans les métiers de services, dont ceux du secteur de la santé ».
Selon les auteurs, « la perspective d’une médecine totalement robotisée et de soins effectués par des machines est (…) aussi effrayante qu’illusoire » : si l’automatisation de certains secteurs ne fait pas de doute, dans le champ de la santé, le « besoin de personnalisation » ramène la robotique et l’intelligence artificielle à « un outil d’aide à la décision ». « Allègement des tâches logistiques au profit du relationnel », « traitement automatique des données pour le suivi médical », ces nouvelles technologies doivent être vues « comme une opportunité au service des professionnels », expliquent les deux sénateurs, qui répètent : « Les IA devraient à terme permettre aux personnels de se recentrer sur le patient », et « pourraient également “être source d’innovations intéressantes qui améliorent la qualité des services rendus aux utilisateurs” ».
Toutefois, « le bilan peut être aussi négatif s’il conduit à recentrer les activités des personnels sur des tâches pénibles, répétitives, ou augmenter les cadences », nuancent-ils. C’est pourquoi il est nécessaire que cette transformation soit « contrôlée et encadrée ». Afin que le « progrès technique » ne « mène pas à une déshumanisation complète des EHPAD », cet encadrement passe par la formation du personnel, leur accompagnement et « l’instauration de régulations sociales et éthiques, de manière à éviter le cauchemar d’une robotisation destructrice ».
Pour une « collaboration sereine homme-machine », les deux sénateurs formulent dix recommandations :
- assurer une couverture numérique du territoire, afin d’éviter une robotisation à plusieurs vitesses ;
- développer les démonstrateurs d’innovations pour lever les obstacles psychologiques à l’utilisation de robots de service ;
- effectuer une évaluation systématique de l’impact de l’introduction de robots dans les organisations publiques ou privées ;
- encourager l’accès à des jeux de données publiques et privées destinées à favoriser l’innovation ;
- former massivement les personnes appelées à intervenir dans la mise en œuvre des nouveaux outils numériques : informaticiens, gestionnaires de données, techniciens chargés de la maintenance robotique ;
- réformer l’enseignement scolaire afin d’encourager l’adaptabilité ultérieure des jeunes ;
- développer les compétences transversales dans l’enseignement supérieur afin “d’apprendre à apprendre” ;
- renforcer l’appareil de formation professionnelle continue en accordant une priorité aux travailleurs dont l’emploi est automatisé ou susceptible de l’être rapidement ;
- intégrer dans les négociations sociales en entreprise la question de l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle et de robots et de leur impact sur les conditions de travail ;
- garantir un droit à la reconversion pour les salariés dont les emplois sont supprimés par la robotisation.
Hospimedia, Agathe Moret (10/12/2019)