Délit d’entrave à l’IVG : la conscience n’a plus voix au chapitre

Publié le 22 Déc, 2016

Chantal Delsol, philosophe, publie une tribune dans laquelle elle déplore « le refus catégorique de la conscience individuelle dans notre société », révélé par l’extension du délit d’entrave à l’avortement.

 

Les modifications successives de la loi Veil « ne laissent plus aucun espace au tragique de la décision : au contraire ». Si la loi originale précisait que l’IVG est un acte grave, pour cette raison laissé à la conscience, aujourd’hui on ne donne plus aucune place à cette conscience individuelle, « qui nous tourmente et nous vole notre sommeil » : il faudrait que « tout soit toujours net et sans bavure, que l’esprit ne soit jamais inquiet, que les choses soient permises ou défendues sans espace intermédiaire, pour notre plus grand bonheur et notre tranquillité d’esprit ».

 

Les sites internet incriminés dans la proposition de loi étendant le délit d’entrave à l’IVG « font seulement ce que réclame la loi et que les services médicaux ne font pas, parce que la conscience est aujourd’hui considérée comme un obstacle au bonheur », plaide Chantal Delsol. Mais l’opposition est totalitaire : « Vous avez droit à l’IVG ? Utilisez donc ce droit sans vous poser de questions. Surtout ne vous demandez pas intérieurement ce qui est juste, ce qui est bien ! Cela ne servirait qu’à vous créer des angoisses. Faites ce que vous disent les lois de l’Etat, ce n’est pas à vous de décider en conscience, cela vous alarmerait et c’est mauvais pour la santé. Le législateur porte une conscience à votre place ». La conscience n’a plus « voix au chapitre ».

 

Pourtant, « la caractéristique et la grandeur de l’être humain, c’est précisément d’être inquiété, de quêter le bien et le mal, de choisir dans l’angoisse »

 

Valeurs Actuelles, Chantal Delsol (22/12/2016)

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