Déclaration de Jean Leonetti : un “sinistre calcul politique”

Publié le 9 Nov, 2010

Suite à l’interview donnée par le député Jean Leonetti au Journal du Dimanche le 7 novembre 2010 (Cf. Synthèse de presse du 08/11/10), la Fondation Jérôme Lejeune a publié un communiqué où elle s’interroge sur "ce sinistre calcul politique".

Elle constate qu’en déclarant : "Pour moi, il est urgent d’autoriser la recherche sur l’embryon non destiné à naître, de permettre, une bonne fois pour toutes, en mettant à bas le système actuel de dérogations, la recherche sur les cellules souches embryonnaires", Jean Leonetti contredit les orientations de la mission parlementaire sur la bioéthique qu’il a conduite en 2009 et qui recommande clairement "de maintenir le principe de l’interdiction de la recherche sur l’embryon". Mr Leonetti avait toujours jusqu’ici relayé ce point de vue.

Ce volte-face amène la Fondation Jérôme Lejeune à attirer l’attention sur plusieurs points.

Elle souligne tout d’abord que "la demande de renoncer à la protection de l’embryon humain est une position anti-scientifique". Alors que Jean Leonetti affirme qu’aujourd’hui "nous bridons la recherche française au nom d’un principe de précaution mal compris. Nous prenons du retard par rapport à d’autres pays […]", elle rappelle que "si l’on veut parler de retard, il s’agit plutôt d’un retard de la recherche française sur les cellules souches adultes, de sang de cordon, ou reprogrammées qui s’explique par les choix politiques de 2004 qui ont concentré les équipes de notre pays sur des programmes de recherche sur l’embryon, sans efficacité thérapeutique".

Elle dénonce également une "agression idéologique" à l’encontre des "observateurs avertis des enjeux bioéthique", qui s’appuie sur "l’équation fausse et facile : défense de l’embryon humain = obscurantisme". "Cela est d’autant plus regrettable que la protection des êtres humains les plus vulnérables, quel que soit leur stade de développement, constitue un principe fondateur de la société française".

Elle estime enfin que désavouer les citoyens, qu’on a sollicités lors des Etats-Généraux de la bioéthique et qui "ont été majoritairement préoccupés par les atteintes au respect de l’embryon dès lors qu’il existe", est un "suicide politique". "Ces mêmes citoyens, qui ne relâchent pas leur vigilance, demandent à M. Leonetti de se ressaisir rapidement. Ils n’auront pas la mémoire courte".

Face à la polémique, dans un entretien accordé à La Vie, Jean Leonetti a affirmé s’être fait "mal comprendre" : "Je n’ai pas changé depuis l’écriture du rapport. Je souhaite voir maintenu le système d’interdiction de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, assorti de dérogations. En revanche, je pense et c’est ce que j’ai écrit dans mon rapport, qu’il faut lever le moratoire de cinq ans prévu dans la loi de 2004 afin que les dérogations soient définitives et non plus temporaires". Jean Leonetti affirme être également favorable sous forme de dérogation, à la recherche sur l’embryon à naître, non pas dans le cadre de la recherche de nouveaux traitements, mais pour améliorer l’efficacité des techniques de fécondation in vitro. "Aujourd’hui, la loi l’interdit totalement alors même que l’on fait de l’expérimentation sur l’embryon depuis des années en le congelant par exemple. Cela nous pénalise par rapport aux recherches menées à l’étranger. En outre, l’amélioration des techniques entraînerait une diminution du recours à la congélation, et donc un progrès éthique", affirme-t-il. Cette proposition, inscrite dans le rapport de janvier, ne manque pas de poser question ainsi que le souligne La Vie : "Comment garantir qu’une nouvelle technique de fécondation in vitro est réellement sans danger pour l’embryon, quand il n’est concrètement possible de vérifier cette "inocuité" qu’à la naissance de l’enfant ?"

Ainsi que le craignait Jean-François Mattei en 2003, les "essais d’hommes" vont bientôt remplacer les "essais sur l’homme".

Quotimed.com (Stéphanie Hasendahl) 08/11/10 – Liberté Politique 08/11/10 – La Vie (Claire Legros) 08/11/10

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