Débat autour du diagnostic pré-implantatoire (DPI) en Allemagne

Publié le 20 Juin, 2001

L’Allemagne s’offre un débat de qualité sur la pratique du Diagnostic pré-implantatoire. Cristel Riemann-Hanewinckel (SPD) rappelle que « la Constitution précise que nul ne doit être discriminé pour son handicap. Cela vaut pour aussi dans l’éprouvette. Le DPI est pour moi incompatible avec la dignité humaine. » Le chancelier Gerhard Schröder s’est montré favorable quant à lui au DPI en déclarant que l’on ne pouvait pas l’interdire en toutes circonstances. A ses yeux en effet, cette méthode n’est pas plus révoltante que l’avortement. Le président de la République Johannes Rau réfute cette comparaison car l’avortement est autorisée seulement en situation de conflit pendant la grossesse. Notons qu’en Allemagne l’avortement est dépénalisé sous certaines conditions mais reste illégal.
Mme Merkel, chef du file du CDU, bien que craignant les dérives possibles du DPI, estime que l’on ne peut refuser le DPI à un couple ayant déjà eu un enfant gravement handicapé. Cela soulève toutefois la question de savoir à quel type de handicap il faudrait réserver le DPI. Où fixer la frontière de la normalité ? Par ailleurs sur 886 couples ayant eu recours à un DPI entre 1993 et 2000 , on a recensé uniquement 123 accouchements alors que 6465 embryons ont été produits. « Et cela n’a pas empêché des avortements, au contraire (…) a rappelé Hubert Hüppe (CDU). Une autre question se pose face à ce choix de société : quelle place est réservée aux handicapés dans la société ? « Ne posera-t-on pas à l’avenir de plus en plus souvent la question de mettre un enfant handicapé au monde, alors que plus personne n’y est obligé ?» se demande Johannes Rau. Mme Merkel affirme que cette technique ne remettra pas en cause l’accueil des handicapés dans la société. Le parti des Verts rappelle que la « mission doit être de les (les handicapés) aider plutôt que de se battre pour éviter leur existence ».
Peter Hintze (CDU), ancien pasteur, estime que l’existence même des personnes handicapées et malades justifie la recherche sur l’embryon. L’un des membres du CDU estime pour conclure qu’il ne peut pas y avoir une éthique de la guérison obtenue en tuant.

Quant au débat sur les recherches sur les cellules souches embryonnaires il continue de rebondir en Allemagne afin de tenter de fixer des règles juridiques. En effet, s’il est interdit d’extraire des cellules souches des embryons, il n’est pas interdit d’en importer. Le Chancelier Schröder s’est montré favorable à l’expérimentation sur les embryons surnuméraires, ce qui ne manque pas de provoquer un tollé. C’est pourquoi, il a créé un conseil d’éthique pour tenter de trouver un point d’équilibre entre le droit de la personne et le progrès de la science.

Ce débat prend en Allemagne une intensité particulière. Les mots « eugénisme, euthanasie et sélection : ce sont des notions qui rappellent en Allemagne de tristes souvenirs » a expliqué Johannes Rau. Mais il a ajouté « je considère l’argument selon lequel les Allemands ne doivent pas faire certaines choses à cause de leur histoire comme complètement faux(…) En ce qui concerne les questions éthiques fondamentales, il n’y a pas de géographie de ce qui est permis ou interdit ». En tout cas l’industrie biotechnologique attend avec impatience l’issue des débats… 

 

Le Monde 21/06/01

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