Dans son édition du jour, le Quotidien du Médecin donne la parole à deux lecteurs sur la question de la mort.
Pour Jean-Luc Romero, conseiller régional UMP d’Ile de France, “toutes les fins de vie ne valent pas la peine d’être vécues”. S’appuyant sur l’affaire Vincent Humbert, il souhaite lui aussi pouvoir décider des conditions de ses derniers instants afin de ” mourir debout”. Il demande donc au premier ministre d’ouvrir un débat national sur la fin de vie.
Le Pr Maurice Cara revient sur la signification du mot “mort”. Les penseurs grecs avaient défini la mort à partir du concept d’âme. Ainsi pour Aristote, tous les être vivants , végétaux, animaux ou humains ont une “âme” inséparable du corps mais immatérielle. Les plantes n’ont qu’une faculté nutritive, “l’âme végétative”. Chez les animaux s’y ajoutent des facultés sensitives, motrices, désirantes et instinctives “l’âme animale”. Enfin, les hommes ont une faculté intellectuelle, “l’âme intellective”. Ainsi ne pouvait-on confondre la mort des végétaux, des animaux et des humains.
Pour le Pr Cara les progrès de la médecine ont bousculé la définition de la mort. La réglementation française a du prendre acte de certains états comme le coma dépassé, c’est à dire l’état de mort cérébrale. Par ailleurs, les organes peuvent vivre séparés du corps à condition qu’on entretienne leur nutrition, ce qui permet les greffes. Enfin dans d’autres situations la conscience et l’acquisition de la mémoire sont suspendues au cours de l’anesthésie générale par exemple ou de certains comas profonds… Quand surgit la mort ?
C‘est pourquoi , selon le Pr Cara, la conception dogmatique de la mort telle qu’elle est définie par les juristes et qui implique une date et “des causes de la mort” mériterait d’être révisée.
Le Quotidien du Médecin 17/11/03