Le journal Libération revient sur la question des mères porteuses après avoir enquêté sur des associations qui militent pour sa légalisation. Ainsi en est-il pour l’association Les mères créée à l’initiative d’Henri Caillavet, avocat, franc-maçon, ancien parlementaire et ancien ministre. "On se situe entre les lobbies sectaires et religieux, on fera tout ce qui peut faire avancer l’opinion, on ira partout où ce sera utile", explique l’un de ses membres.
Pour cette association, il ne s’agit pas de "conférer des droits à ceux dont les mœurs innovent, mais à réparer un préjudice et à porter secours à ceux qui n’ont pas la possibilité d’avoir un enfant", explique son président Jean-François Marchi.
Ils admettent toutefois que "s’il n’y a pas d’encadrement, les familles feront porter leur enfant par leurs femmes de ménage. C’est la voie ouverte à l’esclavagisme".
Rappelons que Michèle André, sénatrice PS avait remis en juin dernier un rapport préconisant la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) "en tant qu’instrument au service de la lutte contre l’infertilité" et aussi pour que les enfants conçus de cette manière à l’étranger puissent avoir une régularisation de leur état civil.
Pour l’archevêque de Rouen, Jean-Charles Descubes, président du conseil pour les questions familiales et sociétales de la Conférence des évêques de France, la GPA pose des questions qui mérite d’être réfléchies "sans précipitation" et sans "s’enfermer dans les limites d’un débat public médiatisé". "Il importe d’être attentifs aux bouleversements qu’induits le recours à la maternité [pour autrui] sur notre conception du couple, de l’enfant et de sa place dans la famille".
Pour Jean-Marie Andrès, vice-président des Associations familiales catholiques, c’est la relation entre la gestatrice et l’enfant qui l’inquiète : "on va faire semblant qu’il ne se passe rien entre la personne qui porte un enfant pendant neuf mois et l’enfant qui est porté ? C’est une fiction", explique-t-il. Les associations catholiques entendent se battre pour "qu’une femme qui a porté un enfant se voit reconnaître un droit de suite".
Deux avis divergent au sein du gouvernement. Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille a déjà affirmé qu’elle n’était pas opposée à la GPA "dès lors que la femme a un vrai problème de stérilité", ajoutant qu’elle serait prête à porter l’enfant de sa fille. Christine Boutin, ministre du logement avait alors répondu "qu’elle ne pouvait imaginer que Mme Morano n’ait pas envisagé les conséquences familiales, psychologiques et éthiques de son acceptation du principe de pouvoir être la mère de ses propres petits-enfants."
Libération (Charlotte Rothman – Catherine Coroller) 17/12/08