La philosophe américaine Judith Butler, professeur à l’université californienne Berkeley, s’est rendue célèbre avec un essai sur le genre (Trouble dans le genre) qu’elle prolonge aujourd’hui en publiant Défaire le genre. Elle est l’inspiratrice du mouvement "queer" qui rejette les catégories (masculin, féminin) et milite pour une "fluidité identitaire".
Selon Judith Butler, le genre masculin ou féminin n’est pas "inné" mais se fait au quotidien : c’est une "pratique d’improvisation" dans la "scène contrainte" qu’est notre société.
Dans son nouvel essai, consacré à l’actualité sexuelle américaine notamment, l’auteur se charge de démonter la mécanique des normes pour renforcer l’action des minorités et légitimer un nouveau "lexique" des formes de sexualité.
Elle regrette que les personnes désirant changer de sexe doivent se faire diagnostiquer un "trouble de l’identité sexuelle" car c’est considérer la transsexualité comme une pathologie. "En ce sens, nous devons être défaits afin de nous faire nous-mêmes (…) Tant que ces conditions sociales n’auront pas radicalement changé, la liberté nécessitera la contrainte et l’autonomie sera indissociable de l’assujettissement".
Trouble dans le genre, Judith Butler, La Découverte, 2005 – Gendre Trouble, Judith Butler, Routledge, 1989
Défaire le genre, Judith Butler, ED. Amsterdam, 2006
Le Monde (Clarisse Fabre) 02/06/06