A la question « L’humain est-il menacé par l’actuel projet de loi bioéthique ? », Christian Flavigny pédopsychiatre et psychanalyste répond : « Oui, aussi assurément que le progrès industriel a abîmé la planète et pour les mêmes raisons ». Ce n’est cependant pas le progrès qui doit être mis en cause, mais « l’usage irréfléchi des découvertes ».
Si l’objectif est louable, à savoir « reconnaître à tous les enfants leur place équivalente dans la vie sociale », il n’est atteint qu’en « supprimant « pour tous » la référence à l’enfantement ». Pourtant, c’est bien cette référence qui permet à l’enfant de « s’ancrer dans un lien de filiation crédible ». L’enfant devra alors « composer avec l’absence d’un enfantement crédible ». Et cela ne peut se faire que si la vérité quant à sa venue au monde n’est pas « truquée ». Christian Flavigny souligne que « la connaissance du géniteur qui ne pallie en rien l’exclusion du père » et met en cause l’enregistrement devant notaire de « l’intention de deux femmes d’être les co-mères ». Ce qui risque d’insécuriser les enfants, les intentions – toutes honorables qu’elles soient au départ – étant « sujettes à fluctuations »… « Banaliser la venue de l’enfant à l’écart de l’enfantement crédible, c’est ériger en un tout-pouvoir les desiderata des adultes, avec toutes les dérives possibles. »
Finalement, au nom d’un progressisme incantatoire, « en prétendant ne rien modifier des pratiques et ne faire que les « ouvrir » à de nouveaux bénéficiaires », « les pouvoirs publics les détruisent « pour tous » ». Christian Flavigny conclut en prévenant : « L’urgence écologique résulte d’avoir malmené les lois de la nature. Prenons garde de ne pas malmener les lois de transmission de l’humain : que le législateur ne prenne pas en compte les besoins fondamentaux de l’enfant pour s’inscrire comme petit humain, cela peut conduire au désastre ».
Valeurs actuelles (03/10/2019) – Préserver l’humain face à l’incantation progressiste