Alors qu’un colloque, organisé par l’Arche en France et l’Institut des sciences et théologie des religions de Toulouse (ISTR), se tient se week-end sur le thème des "fragilités interdites", La Croix publie plusieurs tribunes sur "la force de la fragilité".
Père Blanc et directeur de l’ISTR, Benard Ugeux s’interroge : "comment être reconnu et respecté avec ses limites dans une société qui valorise la rentabilité et l’efficacité au détriment du respect de la dignité de la personne humaine ?". "Malheur aux personnes âgées qui ne sont pas assez vives, aux individus souffrant d’un handicap moteur ou mental qui n’entrent pas dans les normes de productivité, aux personnes atteintes de maladie chronique à qui l’on reproche de peser sur les dépenses médicales", poursuit-il, "sans oublier la tentation croissante d’eugénisme et d’euthanasie quand les décideurs trouvent que le poids de la prise en charge est trop lourd pour la collectivité". Face au "droit" de ne plus s’encombrer d’un bébé hors norme ou encore d’une personne âgée dépendante, il constate une "banalisation du mal quand le "moindre mal" n’est plus reconnu comme un mal et le débat éthique occulté". Enfin, pour lui, "une société qui interdirait toute fragilité serait mortifère car elle vivrait dans le mensonge", "tout serait réduit à l’apparence de force, de puissance, de réussite". "Je plaide pour le droit d’être fragile sans être obligé de jouer un rôle ou de s’installer dans le déni pour être sûr d’être accepté par les autres."
Directeur de l’Arche en France, Louis Pilote insiste sur le fait que si "toute société doit tout mettre en œuvre pour soulager la souffrance liée aux handicaps, à la maladie, à la précarité", "aucune politique n’éradiquera ces situations qui sont inhérentes à notre condition humaine et ce n’est pas par résignation qu’il nous faut faire ce constat, mais par la conscience". "Je suis convaincu que la prise en compte de la fragilité dans notre humanité, que le respect de la personne en situation de fragilité est constitutif d’un projet de société et que c’est, en soit, un acte politique", conclut-il.
La Croix 23/01/09