Face à la revendication pressée et affichée de certains députés d’un « droit à mourir », Damien Le Guay, membre du conseil scientifique de la Société Française d’accompagnement et de soins palliatifs (cf. La SFAP s’insurge : « Donner la mort n’est pas un soin »), estime qu’il ne faut pas confondre « une lassitude des Français, due, entre autres, à une saturation des médias par les partisans de l’euthanasie, avec un large assentiment ». Ils dénoncent la « liberté » et le « progrès » que veulent imposer les partisans de l’euthanasie et qui cachent « des dommages anthropologiques collatéraux », « la rupture du pacte de confiance avec les médecins », une « angoisse accrue des patients ».
Pour Damien Le Guay, ceux qui promeuvent l’euthanasie « luttent contre les malades eux-mêmes. L’euthanasie renforcerait leur état de faiblesse, affaiblirait leurs forces de résistance et ce ‘choix’ couperait les derniers liens qui les tiennent encore à l’humanité commune ».
Il regrette que « ceux qui font œuvre d’humanité restent sans voix dans les médias alors que les partisans de l’euthanasie ont micros ouverts ». Il souligne le paradoxe qui consiste à répéter « qu’il faut développer les soins palliatifs en France (…) alors même que les moyens budgétaires accordés aux soins palliatifs, déjà faibles, diminuent ». Pour lui, l’euthanasie est « un aveu d’impuissance et surtout d’indifférence ». Il s’étonne « que nos députés restent sourds aux 200 000 personnes qui, chaque année en France ne peuvent pas bénéficier des soins palliatifs, faute de place. L’intérêt général est du côté de ceux, en grand nombre, qui aspirent à l’ultime solidarité » (cf. Les soins palliatifs, « un exemple lumineux de soins centrés sur la personne »).
Si le président de la République, ultime recours, s’engageait sur la voie d’une légalisation de l’euthanasie, la démarche induirait une révolution anthropologique et médicale, « une rupture avec cette aspiration de Paul Ricoeur d’être ‘vivant jusqu’à la mort’ ».
Le Figaro (07/03/2018)