Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), fait de nouveau part de son inquiétude envers la dérive eugéniste engendrée par la pratique du diagnostic prénatal (DPN) (cf. synthèse de presse du 05/02/07).
Pour Didier Sicard, le DPN conduit purement et simplement à revendiquer le droit à l’enfant parfait. Pourtant, faire valoir un tel "droit" ne peut être qu’une "régression", "parce qu’il n’y a pas de rapport entre la forme d’un enfant et sa richesse". Il cite la trisomie 21, dépistée pour quasiment 100% des grossesses. S’il est normal de ne pas souhaiter la naissance d’un enfant trisomique, il y a bien une différence, et de taille, entre "ne pas souhaiter et accepter". L’acharnement que l’on montre à dépister ces enfants signifie qu’ils "doivent être éradiqués de l’humanité" et qu’ils "n’ont pas le droit à la vie". Cette conviction est d’autant plus perverse que, non seulement les parents qui souhaitent garder leur enfant trisomique sont "considérés comme des asociaux", mais aussi que tout enfant rescapé est "assimilé à une faute médicale".
"Je me pose (…) la question – peut-être une question qui n’a pas de sens ? – de savoir si un embryon ou un fœtus qui se sent sans arrêt sur un siège éjectable en fonction de ce que va dire l’échographie, en fonction de ce que vont dire les examens, ne serait pas en train de construire une humanité future extrêmement angoissée", confie Didier Sicard.
Il s’alarme ainsi de ce que le science prenne "le pouvoir" sur toute réflexion.
En conclusion, il précise toutefois qu’il n’est pas pour l’arrêt du diagnostic prénatal.
La Croix (Jean-Marie Guénois) 12/02/07