Laurent Alexandre, président de DNAVision, signe une chronique dans le supplément Science&Médecine du Monde, sur l’utilisation des CRISPR-Cas9 pour la modification du génome de l’embryon humain (cf. Synthèse Gènéthique du 23 avril 2015), qu’il intitule “Distorsion morale sur la correction du génome”.
Il y affirme que les techniques permettant de faire naître des enfants “zéro défaut”, ou “bébés à la carte”, ne seront “opérationnelle sur l’embryon humain que dans dix à quinze ans”. Il invite ses contemporains à mener une réflexion sur “l’immense pouvoir dont nous allons disposer sur notre identité génétique” dans l’intervalle restant.
Laurent Alexandre part du postulat selon lequel les “parents du futurs exigeront des modifications génétiques embryonnaires pour prévenir le développement de maladies chez leur enfant”. Il prophétise qu’ils préfèreront cette option à celle “d’avorter les bébés mal formés”, et dénonce la “distorsion morale” de ses contemporains vivant dans une “société ultra-eugéniste”, qui a admis “l’élimination des trisomiques”, mais ratifie la convention d’Oviedo qui bannit les modifications du génome humain.
Le journaliste Jean-Yves Nau, sur son blog, a commenté cette chronique, remettant en cause les certitudes avancées par Laurent Alexandre, notamment sur les “exigences des parents du futurs”. Il désapprouve également l’analyse qui est faite sur le temps de la réflexion : “L’immense pouvoir dont il [Laurent Alexandre] parle n’est pas à venir, il est là; et nous n’avons plus guère le temps de réfléchir à ce que certains pourraient bien faire de notre identité génétique”.
Le Monde (Laurent Alexandre) 19/05/2015 – Jean-Yves Nau 19/05/2015