Notre système immunitaire pourrait bloquer certaines thérapies géniques reposant sur l’enzyme CRISPR-Cas9. C’est du moins ce qu’affirme une étude[1] pré-publiée sur le site bioRxiv le 5 janvier.
CRISPR-Cas9 est un système immunitaire primitif de nombreuses bactéries. Il est aujourd’hui utilisé dans l’objectif de corriger des mutations génétiques. Mais cette dernière étude explique que les protéines étrangères comme Cas9 pourraient provoquer des réponses immunitaires chez l’homme, bloquant la thérapie génique et présentant un risque pour la santé de la personne recevant le traitement. En effet, deux des versions de l’enzyme Cas9 les plus utilisées proviennent de bactéries répandues, contre qui l’homme a pu déjà développer des réactions immunitaires, et donc des anticorps.
De fait, les chercheurs se sont aperçus que 79% des participants à l’étude[2] fabriquaient des anticorps contre le Cas9 issu de Staphylococcus aureus et 65% contre le Cas9 issu de Streptococcus pyogenes, soit les deux bactéries desquelles sont issues les enzymes Cas9.
La menace que représentent les réactions immunitaires est bien connue des chercheurs en thérapie génique. Pour s’en prémunir, il est possible de dépister les patients à risque avant de leur administrer le traitement. Une étape qu’il faudrait ajouter pour développer une « thérapie CRISPR-Cas9 ». Toutefois, cette découverte aurait de moindres implications pour les procédures traitant les cellules in vitro avant de les réinjecter au patient. Une autre solution serait de remplacer ces enzymes Cas9 à risque par d’autres, provenant de bactéries qui ne colonisent pas ou n’infectent pas les humains.
Pour aller plus loin : Edition du génome : où en sont les projets de thérapie chez l’homme ?
[1] Recherche dirigée par Matthew Porteus et Kenneth Weinberg de l’Université de Stanford en Californie.
[2] 22 bébés et 12 adultes en bonne santé.
Nature, Heidi Ledford (8/01/2018)