Coronavirus : et l’éthique ?

Publié le 7 Avr, 2020

« L’urgence avive le questionnement éthique. Nos principes d’humanité sont défiés. Notre société est exposée au vif de ses vulnérabilités. Face à l’extrême et à l’impensable, pour préserver ce qui est essentiel, il nous faut une capacité de discernement et une intelligence du réel. Comment assumer nos responsabilités, si ce n’est en affirmant ce à quoi nous sommes attachés de manière inconditionnelle ? » Pour Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale, à l’université Paris-Saclay, et directeur de l’Espace éthique de la région Île-de-France, rares  « sont les professionnels qui ont renoncé à assumer leurs engagements ». Le professeur constate « une mobilisation, un esprit d’engagement et de dévouement, une solidarité et une créativité qui sont autant d’expressions d’une exigence éthique en acte ».

 

Alors que la pandémie « nous soumet à des contraintes et à des dilemmes que rien ne nous a permis d’anticiper », il explique que « le manque de lits ou d’équipements peut contraindre [le médecin] à ne pas réanimer une personne qui aurait pu être sauvée en temps normal » et qu’« un tel choix s’oppose à sa déontologie. Pourtant, à l’instant présent, il ne peut pas faire autrement ». Dans ces conditions, il s’agit pour Emmanuel Hirsch, « de faire au moins mal, de tenter de maintenir un lien de sens, et de ne pas se résoudre à tolérer l’inacceptable ». Il invite à faire « confiance au savoir-faire des professionnels et qu’on reconnaisse leur « savoir être » ». Il ajoute cependant qu’il est « indispensable d’être assuré que les arbitrages se font selon des règles transparentes et dans la loyauté ».

 

Face aux inquiétudes concernant des pratiques euthanasiques, des « sédations terminales » qui sont pratiquées « à titre exceptionnel pour éviter les souffrances », explique l’éthicien, il faudra, une fois la crise passée, « formaliser les règles de cette sédation d’exception en situation de crise sanitaire ». Pour lui, les malades aujourd’hui « ne nous demandent pas de dire l’éthique, mais de la penser et de la faire vivre ensemble », considérant que « les actes d’humanité brute, dont nous sommes chaque jour les témoins, enrichiront l’éthique ».

La Vie, Olivia Elkaim (06/04/2020)

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