Le 26 mars, la Chambre des représentants de Colombie a rejeté une proposition de loi visant à réglementer l’euthanasie. Le texte était porté par le député Juan Carlos Losada.
Malgré cette opposition législative, la pratique se poursuit « sous la protection de la Cour constitutionnelle »[1], qui a récemment rendu des arrêts visant à étendre son champ d’application aux mineurs atteints de déficiences intellectuelles (cf. Colombie : la Cour constitutionnelle veut autoriser l’euthanasie des mineurs atteints de déficience intellectuelle).
L’opposition constante du Parlement
L’euthanasie a été dépénalisée en 1997 par la Cour constitutionnelle mais toutes les tentatives de légalisation ont échoué : 17 propositions de loi ont été rejetées par le Congrès ces dernières années.
Pour Luis Miguel López Aristizábal, membre du Congrès, la Cour se rend coupable d’un « activisme judiciaire dangereux » car « des décisions individuelles sont manipulées pour introduire des changements substantiels qui devraient faire l’objet d’un débat démocratique ».
Une « usurpation de fonctions » ?
« Il est inacceptable que la Cour constitutionnelle prétende légiférer », alors qu’« elle n’a pas le pouvoir de créer des lois ou des droits », s’insurge l’élu. « Le Congrès a été clair : ni l’euthanasie ni l’avortement n’ont été reconnus comme des droits fondamentaux, ni dans la Constitution et encore moins dans la loi », a-t-il déclaré. La Cour constitutionnelle a également dépénalisé l’avortement en 2006 (cf. Colombie : vers une dépénalisation de l’avortement ?) et a étendu la pratique par la suite via divers arrêts (cf. Colombie : vers la dépénalisation totale de l’avortement ?).
« Nous assistons à une usurpation de fonctions qui érode la légitimité institutionnelle et remet en question la volonté d’un grand nombre de Colombiens », dénonce le député qui rappelle que « la vie humaine sous toutes ses formes est un droit constitutionnel, reconnu par le droit international. La mort, en revanche, ne l’est pas ».
[1] Depuis 2021, des euthanasies de personnes qui ne sont pas en phase terminale mais qui « éprouvent d’intenses souffrances physiques ou psychologiques » peuvent être pratiquées (cf. Colombie : deux euthanasies de patients non terminaux).
Sources : ACI Prensa, Eduardo Berdejo (28/03/2025) ; Diario Las Américas (27/03/2025) – Photo : iStock