Si le secret a souvent été bien gardé, plusieurs dizaines d’enfants sont nés d’une Gestation pour autrui (GPA) dans les années 1980[1]. C’est le cas de Clémence, qui sait, de ses parents, qu’elle est née d’une mère porteuse. Ceux-ci lui ont cependant fait croire qu’elle avait été conçue avec l’ovocyte de sa mère qui ne pouvait la porter. Clémence explique que ses parents ont toujours été « hyperprotecteurs ».
Pourtant, lorsque la trentenaire leur annonce qu’elle a l’intention de se marier, ils lui répondent qu’ils ne viendront pas au mariage et qu’ils considèrent qu’elle n’existe plus. Sa mère avait déjà dit à son ami qu’il devait la quitter, en raison du caractère et du poids de Clémence. Pour la jeune femme, c’est l’ « incompréhension totale ».
Elle se met alors à douter de sa filiation et entreprend des recherches. Elle découvre alors la vérité : elle est « née de mère inconnue » et de son père, ce qui figure sur un document d’adoption. Puis, elle retrouve des articles sur le docteur Sacha Geller, dont elle porte aussi le prénom, et à qui ses parents se sont adressés pour obtenir les coordonnées d’une mère porteuse, moyennant finances. « J’ai posé des questions dans ma famille. Certains savaient. Ils avaient même prêté de l’argent », explique Clémence. « J’ai appris que cela coûtait très cher. » Depuis, elle ne cherche plus à contacter ses parents même si elle s’interroge toujours : « peut-être que ma mère réagit comme ça parce que je ressemble à ma mère porteuse ? ». Désormais, elle recherche celle qui l’a mise au monde. Cette « porteuse » qui est en fait sa mère biologique.
[1] NdlR : A cette époque, cette « méthode », méconnue du grand public et très peu pratiquée, n’était pas explicitement interdite par la loi.
Midi Libre (13/05/2019) – Clémence, née à Montpellier en 1987, cherche sa mère “porteuse”