A la veille des Jeux Olympiques de Pékin, La Vie publie un reportage sur la politique chinoise de l’enfant unique. Adoptée au début des années 1980 pour enrayer une démographie galopante, la politique de l’enfant unique et son slogan "un couple, un enfant" a pris le pas sur celui de la République populaire de Mao : "plus de bras, plus de forces".
Mal vécue, cette politique draconienne a connu des assouplissements plus ou moins officiels. Mise à mal par les évolutions de la société chinoise, elle est aujourd’hui largement dénoncée. Avant tout "contre nature", elle a pour corollaire des stérilisations forcées (en 2005, dans le Shadong, 7 000 femmes ont été stérilisées de force et l’avocat, Chen Guangcheng, qui a dénoncé ces pratiques est aujourd’hui en prison) et des avortements sélectifs. Enfin, elle s’accompagne d’amendes (appelées "contributions sociales") pour les parents qui ne s’y soumettent pas. Or, les couples ont souvent du mal à s’en acquitter et choisissent donc de ne pas déclarer les nouvelles naissances, créant par millions des enfants "fantômes".
Cependant, nombre de chinois semblent s’en accommoder, notamment "au nom de l’intérêt matériel" : "il faut du temps et de l’argent pour élever un enfant : son éducation est très onéreuse. Je n’aurais pas voulu en avoir deux", explique Xin Hong, cadre commerciale. Le désir d’enfant lui-même semble affaibli : "en Chine, le travail et la rentabilité priment" et "rien ne pousse les femmes à enfanter".
Reste que cette politique est une véritable "bombe" : si la Chine demeure le pays le plus peuplé au monde avec 1,4 milliard d’habitants, la politique de l’enfant unique a engendré une baisse du taux démographique, un vieillissement de la population et un déséquilibre démographique alarmant. Avec une balance démographique de 120 garçons pour 100 filles, la Chine devrait compter, en 2020, 30 millions de célibataires.
La Vie (Corine Chabaud) 07/08/08