Au Chili, 8 députés de 8 partis différents, de gauche, du centre et de droite, ont signé le 8 septembre une lettre publique dans le journal El Mercurio, pour demander l’abolition de la gestation par autrui (GPA).
La GPA : une « instrumentalisation de la femme et de l’enfant pour satisfaire les désirs de tiers »
C’est le témoignage d’Olivia Maurel, née d’une mère porteuse, et qui s’engage aujourd’hui pour l’abolition de la GPA dans le monde en étant porte-parole de la Déclaration de Casablanca pour l’abolition universelle de la GPA, qui a inspiré les députés (cf. Des experts de 75 pays demandent l’abolition de la GPA).
« Olivia et sa mère ont été traitées comme des choses, le caractère onéreux du contrat étant sans importance ici », soulignent les élus. « En fin de compte, la GPA commerciale comme la GPA dite altruiste aboutissent au même résultat : l’instrumentalisation de la femme et de l’enfant pour satisfaire les désirs de tiers », pointent-ils. « Et certains d’entre eux dans un but lucratif, puisque la maternité de substitution altruiste est en effet devenue un déguisement pour ce marché asservissant », dénoncent les députés (cf. « Il n’y a pas de GPA éthique, c’est un terme marketing »).
Un combat international
Au Rwanda, la révision de la loi sur les personnes et la famille vient à l’inverse d’autoriser la maternité de substitution [1] et le marché est en plein essor en Géorgie [2], notamment suite au conflit entre la Russie et l’Ukraine (cf. Ukraine : sous les bombes, le scandale de la GPA).
En France, la GPA reste interdite pour le moment. Ce qui n’empêche pas des entreprises étrangères de venir démarcher les clients français dans l’Hexagone (cf. Wish for a baby : des GPA commerciales proposées à Paris).
Un combat « tout aussi important, voire plus » que l’abolition de l’esclavage
Or, « la gestation pour autrui est contraire aux principes fondamentaux du droit international, également en vigueur au Chili, comme l’intérêt supérieur de l’enfant et le droit à la connaissance de ses origines », affirment les élus chiliens, appelant à l’abolition de la pratique.
« Le Chili a été un pionnier dans l’abolition de l’esclavage », relèvent les députés. « Nous espérons qu’il ne restera pas à la traîne dans ce combat, tout aussi important, voire plus, et qu’il rattrapera le temps perdu non seulement avec une législation abolitionniste, mais aussi en menant ce combat au niveau national et international. Ceux d’entre nous qui signent cette lettre sont la preuve qu’il existe une opportunité » (cf. « La GPA ne peut pas être éthique, car il ne peut être éthique de disposer d’un être humain »).
[1] All Africa, Joan Mbabazi, Rwandan Doctors Talk New Surrogacy Law, Hope for Infertile Couples (05/09/2024)
La loi rwandaise indique que « la reproduction entre époux peut se faire naturellement ou avec l’aide de techniques de reproduction, y compris la maternité de substitution ».
[2] La Croix, Thomas Guichard, Gestation pour autrui : en Géorgie, un business en plein essor (07/09/2024)