Cellules souches : la solution alternative du sang de cordon ombilical

Publié le 30 Juin, 2006

Sortir du dilemme éthique

 

Alors que les pressions en faveur de la recherche sur l’embryon humain s’intensifient, un article de Gregory Benichou, professeur à l’Essec et titulaire de la chaire de bioéthique et innovation thérapeutique vient éclairer le débat (1). Il explique que l’utilisation des cellules souches ombilicales en médecine régénérative pourrait offrir une alternative aux cellules souches embryonnaires sans manipulation d’embryon ni clonage.

 

Larges promesses thérapeutiques

 

Depuis la première greffe mondiale réalisée en France en 1987 par le professeur Eliane Gluckman, le sang de cordon a été transplanté à plus de 6000 patients dans le monde, pour traiter certains cancers et des hémopathies. Les cellules de sang de cordon permettent déjà de réaliser avec succès des greffes même en cas d’incompatibilité tissulaire, ce qui n’est pas le cas avec un greffon de moelle osseuse. De ce fait, le Japon a été en 2004, le premier pays au monde à réaliser plus de greffes de sang de cordon que de greffes de moelle. De plus, la plasticité des cellules souches ombilicales se rapproche de celle des cellules souches embryonnaires, sans induire d’effet

tumorigène après transplantation. Collectées en faibles quantités à la naissance, elles sont parvenues à régénérer in vitro et in vivo de l’os, du cartilage, des vaisseaux, du muscle, des cellules du foie, du cœur et des neurones. Il semble que leurs applications thérapeutiques pourraient être très larges.

 

Banques publiques et privées

 

Depuis 2000, une vive compétition se développe dans le monde entre les banques de sang de cordon. Les banques publiques, sans but lucratif et financées par la santé publique, stockent des greffons gratuits et non dirigés (greffon allogénique). Les banques privées, à but lucratif, réservent le cordon congelé à l’usage exclusif du nouveau-né dont il est issu (greffon autologue). En avril 2006, on relève 134 banques privées dans le monde, réunissant 740 000 unités et 54 banques publiques disposant d’un stock total de 230 000 unités et limitées par les  financements publics dont elles dépendent. Interdites en France, en Espagne et en Italie, les banques privées se développent rapidement en Belgique, Grande-Bretagne et Allemagne ; leur essor est fulgurant en Asie, aux Etats-Unis et en Australie.

 

Etats-Unis : encourager les recherches éthiques

 

En décembre 2005, le Congrès américain a voté le Stem Cell Therapeutic and Research Act, allouant un budget de 265 millions de dollars aux recherches sur les cellules progénitrices de la moelle osseuse  ainsi que les cellules souches de sang de cordon ombilical.

 

Indépendance sanitaire

 

Le développement des banques de sang de cordon permet aux pays concernés de ne pas être dépendants des bio-ressources des autres pays.

En France, entre 1994 et 2005, 63% des transplantations pratiquées provenaient de greffons importés ; la France occupe le 16e rang mondial en nombre d’unités par habitant. Face à une compétition internationale croissante, la France devra augmenter la capacité de sa banque, tout en maintenant la qualité excellente de ses greffons. Tel est le défi de la Fondation Eurocord portée par les professeurs Eliane Gluckman et Gregory Katz-Benichou. 

 

1. « Bioéthique et cellules souches : sortir du dilemme », Gregory Benichou, Les Echos, 8 juin 2006 

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