Cellules souches embryonnaires : l’optimisme revu à la baisse

Publié le 3 Jan, 2005

En 2004, les médias se sont fait l’écho de nombreuses découvertes sur les cellules souches embryonnaires. Le magazine "La Recherche" revient sur ces annonces successives qui présentent ces cellules comme susceptibles un jour de guérir les maladies de Parkinson d’Alzheimer, le diabète…. Or en faisant un point détaillé sur l’avancement de la recherche magazine constate que l’on est encore loin des promesses annoncées  : "du fantasme à la réalité il y a un monde…".

En France, depuis le 6 août 2004, la recherche sur les cellules souches embryonnaires issues d’embryons produits dans le cadre de la procréation médicalement assistée est autorisée par dérogation, pour 5 ans. Ces cellules extraites d’embryons au stade de blastocyte sont pluripotentes, c’est à dire capables de se différencier en n’importe quel type de cellule. Le problème porte sur la capacité à maîtriser cette différenciation. "Nous sommes encore loin de savoir engager le devenir des cellules ES vers un seul et unique type cellulaire" précise Michel Puceat du CNRS de Montpellier. 

Au niveau des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson ou la chorée de Huntigton, Philippe Hantraye, spécialiste du système nerveux central au service Frédéric-Joliot à Orsay rappelle que "les cellules greffées ne peuvent remplacer les neurones perdus ; elles ne peuvent s’opposer à la progression de la maladie". Pour la maladie d’Alzheimer, souvent présentée comme exemple de maladies que les cellules souches embryonnaires pourraient guérir, la Recherche souligne que la greffe de neurones est "pour l’heure inenvisageable"  En effet, la dégénérescence neuronale s’étend trop rapidement à l’ensemble du cerveau. C’est donc au début de la maladie qu’il faudrait agir mais à l’heure actuelle la pathologie n’est pas dépistable à un stade précoce.

Enfin  certains chercheurs insistent sur le problème du rejet. "L’obstacle majeur, c’est le rejet des greffons. Et ce problème ne sera peut être pas surmonté avec les cellules souches"estime François Pattou, spécialiste de thérapie cellulaire à l’université de Lille et à l’Inserm.


Enfin, notons que toutes les lignées de cellules officiellement recensées sont inutilisables en clinique car elles sont  nécessairement, pour leur culture et leur conservation,  mises en présences de "cellules nourricières" qui sont des fibroblastes de souris. Or pour utiliser ces cellules en clinique, il est impératif qu’elles n’aient jamais été en contact avec des cellules provenant d’un autre organisme.

Un article complet reprenant l’ensemble du dossier de "La Recherche" sera publié dans la prochaine lettre Gènéthique du mois de janvier.

La Recherche (Cécile Klingler) Janvier 2005

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