Une thérapie CAR-T [1] a permis de réduire les tumeurs cérébrales présentes chez de jeunes patients [2] et rétabli leur fonction neurologique. Pour l’un des participant à cet essai clinique menée par Stanford Medicine, la thérapie a permis d’effacer « toutes les traces détectables » du cancer du cerveau dont il était atteint, un cancer considéré en général comme incurable. Deux d’entre eux ont vu leurs symptômes diminuer sans que le volume global de la tumeur ne change. Ces résultats ont été publiés dans la revue Nature [3].
Un premier patient guéri ?
Sur les 11 participants qui ont reçu la thérapie CAR-T dans le cadre de l’essai, neuf ont montré des bénéfices [4]. Quatre ont vu le volume de leur tumeur réduit de plus de moitié. Et l’un de ces quatre participants, Drew, âgé de 20 ans, a obtenu une « réponse complète » : sa tumeur[5] a disparu des scanners cérébraux. Bien qu’il soit trop tôt pour dire s’il est guéri, il est en bonne santé quatre ans après le diagnostic.
Drew avait reçu un diagnostic de DIPG en novembre 2020, pendant sa première année de lycée. Il avait consulté un médecin en raison de maux de tête inhabituels, de mouvements bizarres de son œil gauche et d’une paralysie partielle du côté gauche de son visage. Quelques centaines d’enfants ou jeunes adultes reçoivent un tel diagnostic aux Etats-Unis chaque année, leur durée de survie médiane est d’environ un an [6]. La radiothérapie n’offre qu’un soulagement temporaire et il n’existe pas de traitement chimiothérapeutique efficace. Parce que leurs cellules malignes se mêlent aux cellules saines, les tumeurs ne peuvent pas être enlevées chirurgicalement.
Les cellules CAR-T sont approuvées par la Food and Drug Administration depuis 2017 pour traiter les cancers du sang, leur intérêt restait à démontrer contre les tumeurs solides (cf. Cellules CAR-T et leucémie : des résultats encourageants sur le long terme).
Des perspectives d’amélioration du traitement
Comme il s’agissait du premier essai sur l’homme de cellules CAR-T pour le DIPG, l’étude visait avant tout à évaluer la faisabilité du traitement et à surveiller les effets secondaires. En analysant la diminution de la taille des tumeurs chez les participants à l’essai, les chercheurs pensent que « l’excellente réponse de Drew n’est pas un coup de chance » et que de futurs patients pourraient retirer des bénéfices similaires.
L’équipe étudie actuellement les moyens d’améliorer la thérapie, par exemple en supprimant certains aspects de la réponse immunitaire aux cellules CAR-T qui pourraient « favoriser » la tumeur.
« Nous avons déjà formulé quelques hypothèses sur la manière d’améliorer les résultats, à la fois pour cette thérapie et plus généralement pour l’immunothérapie des cancers du système nerveux central », indique l’auteur principal de l’essai, Michelle Monje, professeur de neurologie à Stanford Medicine. « Bien que cet essai représente un progrès, nous avons encore du travail à faire pour diminuer la toxicité du traitement et améliorer les bénéfices pour les patients », précise le Dr Crystal Mackall, également co-auteur de l’étude.
[1] « L’objectif est de produire, à l’aide d’un gène introduit dans leur noyau, des « récepteurs antigéniques chimériques » (CAR) à la surface des lymphocytes T. Grace à ce récepteur, les cellules CAR-T sont capables de reconnaître les cellules tumorales et de se fixer dessus. La modification génétique permet également d’introduire un élément de « costimulation » qui permet à la cellule CAR-T de s’activer et d’attaquer la cellule cancéreuse un fois fixée sur elle. » (Source : Gustave Roussy, Les cellules CAR-T)
[2] L’âge médian des participants était de 15 ans et leurs tumeurs avaient été diagnostiquées en moyenne cinq mois avant qu’ils ne participent à l’essai.
[3] Michelle Monje et al, Intravenous and intracranial GD2-CAR T cells for H3K27M+ diffuse midline gliomas, Nature (2024). DOI: 10.1038/s41586-024-08171-9.
[4] une réduction du volume de leur tumeur, une amélioration de leur fonction lors d’un examen neurologique ou les deux
[5] Il était atteint d’un gliome pontique intrinsèque diffus, ou DIPG
[6] Les participants à l’étude ont vécu en moyenne 20,6 mois après le diagnostic, deux ont vécu plus de 30 mois.
Source : Medical Xpress, Stanford University Medical Center (13/11/2024)