Cellules CAR-T : un essai « in vivo »

Publié le 14 Nov, 2024

Une nouvelle approche de thérapie génique qui cible « directement » les cellules immunitaires du corps a été testée chez un patient atteint d’un lymphome B [1].

De l’approche « ex vivo » à « in vivo »

La thérapie CAR-T est une forme d’immunothérapie contre le cancer, dans laquelle les propres cellules immunitaires du patient sont manipulées pour combattre les cellules cancéreuses. Jusqu’à présent, cela avait été réalisé « ex vivo ». Les globules blancs, appelés lymphocytes T, étaient extraits du sang du patient et modifiés pour cibler des antigènes spécifiques, présents sur les cellules tumorales, puis réinjectés dans le patient [2].

Dans une nouvelle approche « in vivo », les cellules immunitaires sont manipulées à l’intérieur du patient à l’aide d’un vecteur qui permet d’administrer directement un transgène « CAR ». La thérapie INT2104 développée par Interius BioTherapeutics, une société basée à Philadelphie, a été testée dans un essai clinique de phase 1 [3].

Une approche qui reste à valider

La méthode « ex vivo » « élimine le risque d’effets hors cible » (cf. Editer le génome : des conséquences imprévisibles ?), mais elle est plus coûteuse et demande plus de temps. En effet, chaque thérapie doit être préparée individuellement. A l’inverse, la thérapie « in vivo » est « prête à l’emploi ».

Aucun effet toxique ou hors cible n’a été signalé jusqu’à présent. Cependant, l’utilisation d’un vecteur viral in vivo peut poser des problèmes, comme l’activation d’oncogènes cancérigènes. L’approche devra donc être « soigneusement surveillée ».

Elle pourrait également être mise en œuvre pour d’autres pathologies, telles que les maladies auto-immunes. Cependant, le développement de cette thérapie n’en est encore qu’à ses débuts, l’essai clinique de phase 1 se focalisant sur la sécurité de l’approche. La prochaine étape des essais cliniques se concentrera sur l’impact de l’augmentation des doses et devrait commencer l’année prochaine.

 

[1] Les lymphomes B sont développés à partir des lymphocytes B qui ont pour fonction principale la production d’anticorps

[2] « L’objectif est de produire, à l’aide d’un gène introduit dans leur noyau, des “récepteurs antigéniques chimériques” (CAR) à la surface des lymphocytes T. Grace à ce récepteur, les cellules CAR-T sont capables de reconnaître les cellules tumorales et de se fixer dessus. La modification génétique permet également d’introduire un élément de “costimulation” qui permet à la cellule CAR-T de s’activer et d’attaquer la cellule cancéreuse un fois fixée sur elle. » (Source : Gustave Roussy, Les cellules CAR-T)

[3] Elle cible à la fois les lymphocytes T et les lymphocytes NK (« natural killer »), avec un seul vecteur.

Source : BioNews, Dr Jenny Lange (04/11/2024)

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