« Vous êtes égoïste. Vous ne vivez pas, vous vous contentez d’exister » a déclaré une infirmière d’un hôpital de l’Alberta à Heather Hancock, une femme handicapée souffrant d’une infirmité motrice cérébrale depuis l’enfance (cf. L’euthanasie devient « une option de fin de vie » au Canada). Née en 1968 dans l’Alberta, elle a travaillé en tant qu’employée d’hôpital en Colombie britannique avant d’arrêter en raison de l’aggravation de son état musculaire il y a une dizaine d’années.
Un « fardeau pour le système médical »
« Vous devriez faire ce qu’il faut et envisager l’aide médicale à mourir (AMM) » lui a suggéré l’infirmière au cours d’une longue période de soins pour des spasmes musculaires en 2019. Mais, Heather Hancock a tenu bon expliquant à la soignante que sa vie avait de la valeur, même si elle en passait les quatre cinquièmes en fauteuil roulant. « Vous n’avez pas le droit de me pousser à accepter l’AMM » avait-elle répondu. Suite à cette affaire, l’infirmière a été retirée de l’équipe de soins.
Aujourd’hui âgée de 56 ans, Heather Hancock se dit « abasourdie » par ces propos qui n’ont pas été les seuls. Depuis 2016, date de la légalisation du suicide assisté au Canada, le personnel médical lui a conseillé de recourir à l’« aide à mourir » à trois reprises. « Ils me considèrent comme un fardeau pour le système médical et pensent que l’argent de mes soins pourrait être dépensé pour une personne valide » dénonce-t-elle (cf. Canada : « Je ne veux pas renoncer à ma vie » malgré les propositions d’euthanasie).
Des histoires similaires qui se multiplient
Une autre Canadienne, Tracy Polewczuk, s’est également exprimée sur les problèmes similaires qu’elle a rencontrés au Québec. Atteinte de spina bifida, une malformation congénitale, elle déplore la dégradation des soins qu’elle reçoit à domicile quotidiennement à Pointe-Claire, à Montréal. A deux reprises des membres de son équipe soignante lui ont dit qu’elle était admissible à l’AMM. « J’ai l’impression qu’on nous pousse vers l’AMM au lieu de nous donner l’aide dont nous avons besoin pour vivre » regrette-t-elle (cf. Fin de vie : « Le Canada a fait des personnes handicapées une catégorie de personnes pouvant être tuées »). « Je veux survivre. Je veux m’épanouir. Je veux retrouver ma vie. Je veux le contraire de ce qu’ils essaient de nous faire faire » explique-t-elle (cf. Canada : atteinte d’un cancer, les médecins lui proposent l’AMM).
En 2023, il y aurait eu 15% de recours à l’« aide à mourir » de plus par rapport à 2022 (cf. Canada : les demandes d’« aide médicale à mourir » ont triplé ; « Aide médicale à mourir » : 13.241 décès au Canada en 2022, une hausse de 31,2%). Depuis 2016, environ 60 000 personnes ont mis fin à leurs jours de cette façon. Cela représente 4,6% de l’ensemble des décès.
Source : Daily mail, James Reinl (12/07/2024) – Photo : iStock