Canada : un homme bientôt sans domicile demande l’euthanasie, feu vert du médecin

Publié le 17 Oct, 2022

Au Canada, un homme âgé de 54 ans a effectué une demande d’« aide médicale à mourir », « non pas parce qu’il veut mourir », mais car « il craint de n’avoir aucun autre choix ».

Amir Farsoud souffre d’une blessure au dos survenue il y a plusieurs années, qui l’empêche parfois de dormir « plusieurs jours d’affilée ». Mais ses souffrances ne sont pas à l’origine de sa demande. Il risque de perdre son logement, et bénéficiant de l’aide sociale, il ne peut en trouver un autre.

« Je ne veux pas mourir, mais je veux encore moins être sans abri », témoigne-t-il, expliquant qu’il ne formulerait jamais une telle demande si l’on pouvait lui assurer un logement stable. Pourtant un médecin lui a déjà délivré une première attestation. Si un second médecin fait de même, il deviendra « éligible » à l’« aide médicale à mourir ».

L’inquiétude de l’ONU

Au Canada, l’« aide médicale à mourir » est autorisée depuis 2016. Depuis le mois de mars, il n’est plus nécessaire de justifier d’une mort prochaine pour y avoir accès (cf. Euthanasie au Canada : mise en place de nouveaux élargissements), ce qui préoccupe des experts de l’ONU. En supprimant la notion de fin de vie, ces dispositions législatives reposent sur des notions de « qualité de vie » ou de « valeur » de la vie d’une personne handicapée, expliquent-ils dans un rapport de janvier 2021 (cf. Euthanasie de personnes handicapées : des experts des Nations unies inquiets). Il n’est ainsi pas impossible que les personnes handicapées décident de mettre fin à leur vie en raison de « facteurs sociaux » tels que la solitude, l’isolement ou le manque d’accès à des services sociaux de qualité, ont-ils écrit au gouvernement canadien.

« Des cas comme [celui d’Amir Farsoud] apparaissent de plus en plus fréquemment à travers le pays », confirme le Dr Kerry Bowman, bioéthicien de l’Université de Toronto. Désormais, des personnes vivant avec un handicap, avec la douleur, ou dans la pauvreté, demandent une « aide médicale à mourir » « non pas à cause de l’expérience physique qu’elles vivent, mais à cause de circonstances sociales. » explique-t-il. (cf. Face au handicap ou à la pauvreté, l'”aide médicale à mourir” se généralise au Canada ;Canada : « L’accès à des médecins spécialistes prend des mois quand l’accès à l’’aide médicale à mourir’ peut prendre quelques jours » )

 

Source : Toronto city news, Cynthia Mulligan et Meredith Bond (13/10/2022) ; Photo : Pixabay

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