Canada : « Je ne veux pas renoncer à ma vie » malgré les propositions d’euthanasie

27 Juin, 2024

Alors que l’euthanasie est de plus en plus répandue au Canada, Roger Foley, un habitant d’Ottawa âgé de 49 ans, affirme qu’on lui a proposé l’« aide médicale à mourir » (MAID) « à de multiples reprises » alors qu’il lutte contre les handicaps et les douleurs chroniques dus à une ataxie cérébelleuse.

« Complètement traumatisé »

Un jour, un médecin lui a demandé s’il avait des idées suicidaires. Voulant être honnête avec lui, l’homme lui a répondu : « je pense à mettre fin à mes jours à cause de ce que je vis, parce qu’on m’empêche d’avoir accès aux ressources dont j’ai besoin pour vivre en sécurité chez moi » (cf. Sans logement adapté, une femme handicapée demande l’« aide médicale à mourir »). « Si vous n’obtenez pas de financement, vous pouvez toujours faire une demande d’aide à mourir » lui a alors répondu le praticien.

Dans ma situation, lorsque je dis que je suis suicidaire, on me répond : « l’hôpital a un programme pour vous aider à le faire si vous voulez mettre fin à votre vie » dénonce Roger Foley.

Ces propositions des médecins pour « l’aider » à mettre fin à sa vie l’ont « complètement traumatisé ». « Cela n’existait pas avant la légalisation [de l'” aide médicale à mourir”] » alerte le patient. « Il n’y aura pas une seconde dans le reste de ma vie où je n’aurai pas de flash-back [de la proposition de suicide] » indique-t-il. « La dévalorisation de ma personne et de tout ce que je suis » l’a marqué (cf. Fin de vie : « Le Canada a fait des personnes handicapées une catégorie de personnes pouvant être tuées »).

Les personnes qui proposent ainsi l’euthanasie ont « un état d’esprit capacitaire » souligne Roger Foley. « Ils considèrent que les personnes handicapées sont mieux mortes et qu’il s’agit d’un gaspillage de ressources ».

« Chaque personne mérite la prévention du suicide plutôt que l’assistance au suicide »

Amanda Achtman, qui participe au projet Dying to Meet You [1], considère qu’il est nécessaire de créer des espaces de soins sans euthanasie, car de nombreux patients veulent être pris en charge dans des établissements qui n’abordent pas la question de l’euthanasie avec eux. « Le fait de suggérer l’euthanasie tue déjà dans un sens la personne. La personne perd confiance dans le fait que les médecins et les infirmières vont vraiment se battre pour elle » souligne-t-elle (cf. Fin de vie : des soignants alertent sur les conséquences « éthiques et déontologiques » d’un changement de la loi).

« Une demande d’euthanasie n’est pas tant l’expression d’un désir de mourir que l’expression d’une déception » prévient Amanda Achtman. « Répondre à cette déception par de véritables interventions, adaptées à la personne, est exigeant, mais c’est ce que les gens méritent. Il ne faut pas céder ou capituler devant les idées suicidaires d’une personne – au contraire, chaque personne mérite la prévention du suicide plutôt que l’assistance au suicide ».

« J’ai une passion pour la vie »

Roger Foley dénonce le fait d’être dévalorisé alors qu’il se bat pour obtenir le soutien qui lui est nécessaire pour vivre. « J’ai une passion pour la vie » insiste-t-il. « Je ne veux pas renoncer à ma vie. »

Depuis que l’euthanasie a été légalisée en 2016, le Canada est devenu l’un des pays les plus permissifs au monde. En février, une proposition visant à permettre aux personnes atteintes d’un trouble mental d’accéder à l’« aide médicale à mourir » a été reportée, mais elle devrait être réexaminée en 2027 (cf. Canada : un nouveau report du projet visant à élargir l’accès à l’AMM).

En mars, un juge a autorisé une femme atteinte d’autisme à avoir recours à l’euthanasie, rejetant ainsi les efforts de son père pour mettre fin à la procédure (cf. Canada : sa fille veut mourir, la justice donne son feu vert).

 

[1] Un projet de conférences et d’entretiens vidéos créé pour « humaniser notre conversation sur la souffrance, la mort, leur sens et l’espérance »

Source : CNA, Daniel Payne (23/06/2024) – Photo : Pixabay

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