Business procréatif en Espagne

Publié le 15 Sep, 2010

L’Express.fr publie un article sur le business de l’assistance médicale à la procréation (AMP) en Espagne qui attire de plus en plus de Français. Ces derniers représentent 10% de la clientèle des centres espagnols spécialisés dans l’AMP et près de 120 établissements privés se disputent les clients français à Madrid, Barcelone, Grenade et Valence. En dehors d’un cadre éthique strict, ces cliniques privées "ont poussé comme des champignons" dans le pays et il a fallu attendre 2006 pour qu’une loi soit élaborée sur l’AMP. Selon Diana Guerra, une psychologue, "les législateurs ont veillé à ne pas rendre leur texte trop contraignant […] Ils se sont entourés de médecins aux visées particulièrement avant-gardistes".

"Clients en or", les Français rapportent 350 millions d’euros à l’ensemble des cliniques d’AMP espagnoles. Ce chiffre ne tient pas compte des dépenses supplémentaires pour les médicaments non remboursés, les congélations d’embryons, les implantations ultérieures. Certaines cliniques s’adressent à des associations de patients français stériles pour obtenir de nouveaux candidats. Des gynécologues français font également office de médiateurs. Des cliniques vont jusqu’à embaucher des médecins français. C’est le cas du Dr. André Guérin, gynéco-endocrinologue recruté en 2007 par IVI, clinique barcelonaise réputée : "la clinique voulait un médecin qui puisse rester en contact avec ses compatriotes, afin d’assurer un suivi des patients". 

Chaque établissement d’AMP rivalise pour "attirer le ‘chaland‘": proposition de réduction dans les hôtels environnants, prise en charge du voyage des clients en lien avec des agences de voyages, ou même une ristourne pour les FIV avec don d’ovocyte.

 Alors qu’une directive européenne rend obligatoire le remboursement des frais de santé réalisés à l’étranger, les autorités éthiques françaises s’inquiètent : il faut préserver les comptes de la Sécurité sociale. Autre inquiétude alimentée par le business espagnol : le don d’ovocytes étant rémunéré à hauteur de 900 euros en moyenne, des accusations de trafic apparaissent. La clinique Eugin a été accusée d’avoir développé "un trafic de jeunes filles venant des pays de l’Est, débarquées par avions entiers pour se faire ponctionner leurs ovocytes", une rumeur démentie par le directeur de la clinique qui affirme que les "donneuses sont toutes volontaires". Il reste que ces cliniques n’hésitent pas à communiquer sans complexe pour recruter des donneuses jusque dans les universités. Y a-t-il liberté réelle alors que les donneuses risquent d’être plus souvent recrutées "parmi les étudiantes pauvres et les femmes vivant dans la précarité ?" (Cf. Synthèse de presse du 05/03/08).

L’Express.fr (Annabel Benhaiem) 16/09/10

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