Pour la première fois en visite sur le continent latino-américain, le pape Benoît XVI a été accueilli par "une foule compacte, colorée, chantante" et des "cris de joie, chants, danses, prières…".
Alors que le ministre de la Santé brésilien, José Gomes Temporao, a proposé un référendum sur la dépénalisation de l’avortement, Benoît XVI a répété l’opposition de l’Eglise à l’avortement et appelé au "respect de la vie" : "l’Eglise ne doit pas céder aux sirènes du relativisme mais résister à l’égoïsme et à la peur de l’avenir qui sont à l’origine de ces législations". Il a particulièrement invité l’Eglise du "continent de l’espérance" à "renforcer son identité en promouvant le respect de la vie humaine, du moment de sa conception jusqu’à son déclin naturel".
L‘avortement est interdit au Brésil sauf en cas de viol et de danger pour la vie de la mère. 65% des brésiliens interrogés disent être défavorables à une loi plus libérale. Au sein du parlement et du gouvernement le projet de référendum divise. Le président Lula a déclaré être hostile à l’avortement "en tant que père" sans vouloir, en tant que chef de l’Etat, ignorer cette "question de santé publique". Il ne s’est pas encore prononcé sur la proposition de référendum de son ministre. Pour l’archevêque de Sao Paulo, "un référendum sur le droit de tuer" est "absurde".
Il y a quelques semaines, le Parlement de la ville de Mexico a dépénalisé l’avortement jusqu’à 12 semaines (cf. Synthèse de presse du 25/04/07). A cette occasion, les évêques mexicains avaient expliqué que les élus se mettaient eux-mêmes aux bans de l’Eglise en votant une telle loi. Le pape a rappelé au cours de son voyage que "le meurtre d’un enfant est incompatible avec l’eucharistie" et que le droit canon prévoit effectivement l’excommunication des responsables politiques ayant voté en faveur de la loi dépénalisant l’avortement.
Le pape est aussi revenu sur le rôle de l’Eglise en politique : "indiquer les valeurs morales pour chaque situation et former les citoyens pour qu’ils puissent décider consciemment et librement". Opposé à une "politisation excessive du catholicisme", notamment en écho à la théorie de la libération, il souhaite que l’Eglise, "puisse indiquer des lignes pour une politique juste".
S‘adressant hier soir aux jeunes brésiliens, Benoît XVI, conscient du "déficit d’espérance" dont ils souffrent, leur a annoncé un "programme de vie" qui nécessite "liberté et responsabilité". "Savez-vous ce qu’est la vraie et l’unique voie vers le bonheur ?" "Nous sommes artisans par nos propres mains". Comme une réponse à leur mal être, il les invite à être des "apôtres", des "promoteurs de la vie (…) et de la famille".
Il leur a demandé "d’être protagonistes d’une société plus juste et plus fraternelle, accomplissant les devoirs de citoyen : respectez la loi, ne vous laissez pas dominer par la haine et la violence (…), faites prévaloir les aspirations proprement humaines, aussi bien économiques que politiques, face à la fraude et aux tromperies". Il a insisté sur "tout ce qui vise à éliminer les discriminations qui existent dans la société latino-américaine, pour que cette société ne soit pas motif d’exclusion mais plutôt d’enrichissement réciproque".
"Ne gaspillez pas votre jeunesse", a-t-il conclu.
La Croix (Isabelle de Gaulmyn) 11/05/07 – Le Figaro (Hervé Yannou) 11/05/07 – Le Monde (Jean-Jacques Bozonnet) 11/05/07 – Libération (Chantal Reyes) 11/05/07