Belgique : la Commission d’évaluation de l’avortement remet son rapport

Publié le 12 Mar, 2021

En Belgique, la Commission nationale d’évaluation de l’interruption volontaire de grossesse a remis son rapport pour les années 2018-2019, recensant 18 027 avortements en 2019, soit un avortement pour 7,7 naissances. 35% des femmes n’ont pas souhaité expliquer le motif de leur décision. Le rapport note que « de plus en plus de femmes qui demandent un avortement ont déjà interrompu une grossesse dans le passé ».

Les femmes ayant avorté sur cette période sont en moyenne âgées de 28 ans. Le nombre d’avortements est en baisse chez celles âgées de 20 à 25 ans, alors qu’il est en hausse entre 30 et 35 ans. 29% des femmes ont eu recours à l’avortement médicamenteux en 2019.

A contre-courant des idées reçues : la question du délai et de la contraception

En dépit des « revendications des centres de planning familial francophones eu égard à l’extension du délai légal pour avorter au-delà de 12 semaines de grossesse », « les centres d’avortements disent être sollicités par les femmes de plus en plus tôt dans la grossesse ». Et le nombre de femmes qui se rendent aux Pays-Bas pour avorter est « en constante diminution » depuis 20 ans. Il était de 1473 en 2000, contre 444 en 2017.

Par ailleurs, le rapport de la Commission « présente des statistiques fouillées sur l’utilisation des méthodes de contraception en fonction de l’âge, de l’état civil, de critères familiaux et sociaux ». Il ressort que « 53% des femmes ayant recouru à l’avortement utilisaient une méthode de contraception », et « 16% des femmes utilisaient correctement leur méthode de contraception lorsqu’elles sont tombées enceintes ».

Des complications multiples 

« 1% des femmes ayant avorté ont subi des complications » note la Commission. Des complications qui sont diverses : des « pertes de sang supérieures à un demi-litre », une « perforation de l’utérus », une « déchirure du col utérin », « l’adhérence en raison d’une expulsion précoce, des caillots de sang abondants, un curetage de restes placentaires ou hémostatiques, un décès à l’hôpital suite à une embolie pulmonaire, des douleurs importantes, l’endométrite, une infection urinaire, un malaise vagal, des manifestations psychologiques, un stress important suivi d’une hospitalisation psychiatrique, une rétention placentaire, des saignements nécessitant une transfusion sanguine ou de plaquettes, des vomissements ».

Des IMG occultées ?

En 2019, 77 avortements pour « raison médicale » (IMG) ont été rapportés à la Commission. Des avortements qui ont été pratiqués au-delà de 12 semaines de grossesse. Les raisons invoquées sont variables : la « décompensation psychique » figure parmi les « périls graves » et la trisomie 21 au rang des « affections graves et incurables de l’enfant ».

En se fondant sur « une extrapolation basée sur le registre européen EUROCAT », la Commission estime le nombre réel d’IMG à 654, soit plus de 8 fois le nombre qui lui a été indiqué. Elle demande qu’elles lui soient « déclarées plus systématiquement ».

L’avortement : un « acte médical essentiel » ?

« Certains gynécologues, soumis à de très nombreuses interruptions de grossesse, expriment une saturation psychologique et émotionnelle par rapport à la ‘pratique récurrente de l’acte, parfois lourde à porter’ », indiquent les hôpitaux. Pourtant, la Commission recommande que la « sensibilisation à l’IVG » soit inscrite dans les cursus de médecine et qu’« un module de formation à l’avortement » soit mis en place « dans toutes les facultés de médecine du pays ». Il faut « définir l’interruption de grossesse comme un acte médical essentiel, en toute circonstance, y compris en cas de crise sanitaire » estime la Commission. Mais elle souligne par ailleurs qu’il est indispensable que « toutes les femmes, y compris les femmes handicapées, soient protégées contre l’avortement forcé, la contraception ou la stérilisation contre leur gré ou sans leur consentement éclairé »

Pour le Dr Chantal Kortmann, les décideurs politiques devraient « rééquilibrer l’information sur les grossesses non désirées, au moyen par exemple de reportages ou films promotionnels qui mettent en scène des situations où le choix de garder son enfant ou de le donner à l’adoption trouve une bonne issue ». « Les recommandations pour faciliter l’accès à l’avortement et promouvoir les institutions qui le pratiquent ne [sont] pas de nature à réduire le nombre d’avortements » estime-t-elle

Source : Institut européen de bioéthique, C du Bus, Rapport avortement : impossible de poser un juste diagnostic sur les raisons qui poussent les femmes à avorter (09/03/2021) – Photo : Pixabay\DR

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